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N�e dans la tourmente de la r�volution

Les commencements de la Congr�gation des Sacr�s-Coeurs remontent � 1792: la R�volution Fran�aise a trois ans � peine... L'ann�e s'ouvre dans un climat qui n'est pas encore la Terreur, mais que l'on sent explosif.

A Poitiers, un jeune s�minariste de vingt-quatre ans, Pierre Coudrin, a d� abr�ger ses �tudes de th�ologie car le s�minaire dioc�sain est ferm�. La fameuse Constitution Civile du Clerg� vot�e par l'Assembl�e, le d�sarroi est grand dans l�Eglise de France. Est-ce bien le moment de s'engager dans "la carri�re eccl�siastique"? Le jeune diacre Coudrin n'en demande pas moins l'ordination sacerdotale, qu'il doit aller recevoir � Paris. La c�l�bration se d�roule presque clandestinement, dans la Biblioth�que du Coll�ge des Irlandais (Paris 5e), le 4 mars 1792. De retour � Coussay-les-Bois (Vienne), dans sa paroisse natale, le nouveau pr�tre c�l�bre sa premi�re messe le 3 avril. Quelques commentaires vigoureux - un rien provocateurs - dont il pimente la lecture d'une annonce impos�e par l'autorit� municipale l'obligent � s'enfuir d�s la fin de l'office.
D�but mai 1792, oblig� de se soustraire aux recherches de la police pourchassant les "r�fractaires" de son esp�ce, nous le retrouvons dans un minuscule grenier de la ferme de La Motte d'Usseau, � huit kilom�tres de Ch�tellerault. Contraint � l'inaction, il occupe son temps � l'�tude et � la pri�re.

Pour un jeune homme de vingt-quatre ans, c'est une bien rude �preuve physique et morale. Pour Pierre Coudrin, c'est une extraordinaire exp�rience spirituelle, qui le marquera pour la vie. "Ce fut l� qu'un jour, racontera-t-il plus tard, apr�s avoir dit la messe, je me mis � genoux aupr�s du corporal o� je croyais toujours avoir le Saint Sacrement. Je vis alors ce que nous sommes � pr�sent. Il me sembla que nous �tions plusieurs r�unis ensemble, que nous formions une troupe de missionnaires qui devaient r�pandre l'Evangile partout. Comme je pensais � cette soci�t� de missionnaires, il me vint aussi l'id�e d'une soci�t� de femmes".

Peu apr�s, le 20 octobre 1792, malgr� les supplications de ses h�tes, il quitte sa cachette, car, leur dit-il, "je m'�tais fait pr�tre dans l'intention de souffrir tout, de me sacrifier pour le bon Dieu et de mourir s'il le fallait pour son service".

D�s lors, le voil� qui parcourt les rues de Poitiers, d�guis� en chaudronnier ou gendarme ne craignant pas d'escalader les murs des prisons pour se mettre au service des personnes en difficult� et des communaut�s qui ne se reconnaissaient pas dans l'Eglise Constitutionnelle. Chaque jour il risque l'arrestation et la guillotine ! Rien ne l'arr�te. On le surnommera le "Maquisard de Dieu".

Bient�t son ardeur apostolique entra�ne dans son sillage des jeunes qui veulent aussi donner leur vie pour l'Evangile. Parmi eux, Henriette Aymer de la Chevalerie, une jeune fille de la noblesse poitevine convertie dans les prisons de la Terreur.
Vers 1794-1795, au sein d'une communaut� la�que, clandestine, l'Association du Sacr�-Coeur, un embryon de communaut�, prend forme, autour de Pierre Coudrin et de Henriette Aymer. Saisis par la bont� d'un "Dieu riche en mis�ricorde" (Ep 2,4) qui "les conduit comme par la main" et par les souffrances d'une soci�t� o� beaucoup ignorent cet Amour incarn� dans le Coeur du Christ, ils ont la conviction que, seule, Sa puissance peut gu�rir et reconstruire un monde d�chir�.

Les pauvres d'abord

Pierre et Henriette n'ont plus d'h�sitation. "Suivant les Lumi�res du Saint-Esprit" ils s'engagent "� vivre et � mourir au service des Sacr�s-Coeurs de J�sus et de Marie" suivant la formule des Voeux qu'ils prononcent avant la messe de minuit de la No�l 1800.

Ils n'ont autour d'eux qu'une poign�e d'hommes et de femmes et peu de moyens. Mais ils ont au coeur la passion et l'audace des premiers chr�tiens. Hant�s par le souci de reb�tir l'Eglise au sein d'une soci�t� en pleine mutation, ils d�sirent vivre l'Evangile radicalement. Ils choisissent donc de "ne rien pr�f�rer au Christ" et de marcher � sa suite, dans des communaut�s enracin�es dans la foi en l'Amour Sauveur, incarn� en J�sus, et ax�s sur l'Eucharistie, afin de "r�pandre l'Evangile partout".
L'Adoration de l'Eucharistie, la communion fraternelle et le "z�le" pour l'�vang�lisation marquent le rythme de leur marche � la suite de J�sus, en qui, affirme le P�re Coudrin, nous avons "un guide et un mod�le... Sa naissance, sa vie et sa mort: voil� notre r�gle!"
Avec la Vierge Marie, les membres de la famille religieuse de Picpus d�couvrent dans le Coeur du Christ combien Dieu s'est fait proche de tout homme bless�, exclu, opprim�. "Ils manqueraient � leur voeu le plus essentiel d�s le moment o� ils voudraient vivre pour eux seuls et ne pas travailler au salut de leurs fr�res" d�clare le Fondateur. D�s lors, la proximit� avec les pauvres et leur service "jusqu'au bout", comme J�sus, est leur unique et ardente obligation: Serviteurs passionn�s de Dieu et de l'homme, tels les d�sirent Pierre Coudrin et Henriette Aymer.

Peu apr�s, la Maison-M�re de la nouvelle Congr�gation est transf�r�e � Paris, rue de Picpus (12�me), pr�s du cimeti�re historique des victimes de la Terreur. De l�, l'appellation courante de "p�res et soeurs de Picpus" ou "picpuciens". Les premi�res d�cennies de son existence voient le jeune institut r�aliser ses objectifs en France, dans le cadre de communaut�s, v�ritables foyers de pri�re (adoration eucharistique) et d'apostolat (�ducation de la jeunesse, s�minaires, pr�dication de missions paroissiales). La jeune Congr�gation manifeste dans tout ce qu'elle entreprend une pr�f�rence marqu�e pour les pauvres. Le premier chapitre de la R�gle souligne que les enfants des milieux d�favoris�s doivent �tre les b�n�ficiaires prioritaires des oeuvres �ducatives des fr�res et des soeurs.

Le 17 novembre 1817, par la bulle Pastor Aeternus, le pape Pie VII reconna�t officiellement la Congr�gation des fr�res et des soeurs des Sacr�s-Coeurs de J�sus et de Marie et de l'Adoration.
L�Eglise confirme dans leur mission qui est de � retracer les quatre �ges du Seigneur J�sus Christ : son enfance, sa vie cach�e, sa vie �vang�lique et sa vie crucifi�, et de propager la d�votions aux Sacr�s-Coeurs de J�sus et de Marie (Constitutions de 1817). D�sormais, pour accomplir sa mission, l�Eglise compte sur des communaut�s missionnaires d�hommes et de femmes qui contemplent, vivent et annoncent l�Amour de Dieu manifest� en J�sus. Tel est le sens de cette reconnaissance solennelle de l�Institut par le successeur de Pierre.

En 1820, la famille religieuse du P�re Coudrin et de la M�re Aymer compte pr�s de 150 fr�res, dont 92 pr�tres, et plus de 500 s�urs, r�partis en dans une douzaine de "communaut�s-jumelles" � travers toute la France : Poitiers, Mende, Cahors, Paris, Laval, Le Mans, S�es, Sarlat, Rouen, Tours, Troyes,�
A la mort du P�re Coudrin, en 1837, ses disciples seront � l��uvre dans 21 villes fran�aises.

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