>> Le P�re F�lix Jaffuel ss. cc (1874-1939) poss�dait une grande culture scientifique. Il fut un homme �minent au Chili. Il y arriva tr�s jeune comme novice et fit ses �tudes au Couvent de Los Perales. Il publia de nombreuses monographies dans la Revue Chilienne d'Histoire Naturelle et fut l'un des fondateurs de la Soci�t� entomologique du Chili.
Le P�re F�lix Jaffuel se rendit �galement sur l'�le de P�ques en 1927 et retourna en France en 1939 o� il mourut, � Montgeron (91).
Le R.P F�lix JAFFUEL �tait n�, le 25 mai 1874, dans une tr�s chr�tienne famille de la Loz�re au hameau du Crouzet, paroisse de St Sauveur de Ginestoux, non loin du fameux Ch�teauneuf de Randon, c�l�bre par la mort de Duguesclin.
Il fit ses humanit�s � notre �cole apostolique de Sarzeau et partit, simple postulant, pour le Chili en 1892. Il prit l�habit le 10 juin 1892 au noviciat de Los Perales � l� o� il avait r�v� d�aller finir ses jours au milieu des novices et �tudiants de sa ch�re Province d�Am�rique. Il fit profession � Valparaiso le 17 f�vrier 1894 et fut presque aussit�t enr�l� dans le corps professoral du coll�ge de Santiago. Son esprit vif et p�n�trant lui permettait d�aborder les mati�res les plus diverses. Dans sa longue carri�re de professeur, il a tour � tour enseign� l�Histoire naturelle, l�Histoire g�n�rale, l�Alg�bre, la G�om�trie, la Physique, la Cosmographie, la Philosophie, l�Histoire de la Litt�rature. Au "cours des Lois" de Valparaiso, il n�h�sita pas � se charger, durant plusieurs ann�es, des classes de Philosophie du Droit, d�Histoire g�n�rale du Droit et du Droit Canon. Devenu, en 1912, Directeur du Cours des Ing�nieurs et des Architectes, il alla bien simplement s�asseoir sur les bancs des �l�ves pour y approfondir avec eux les math�matiques sup�rieures.
C��tait l�homme universel, pr�t � tout apprendre et tout entreprendre pour l�honneur de l�Institut, le bon renom de nos coll�ges et le profit de ses �l�ves. Entre autres branches de l�enseignement, celles qui traitent de l�Histoire naturelle paraissent avoir eu sa pr�f�rence. D�s l��cole apostolique, il se distingue par son amour de la botanique; il y joignit plus tard la zoologie et l�entomologie.
Au Chili, de concert avec les P�res Nathana�l Costes, Anastase Pirion et R�mi Bros, il avait r�ussi � former de magnifiques collections d�Histoire naturelle qui malheureusement furent an�anties dans l'incendie qui d�truisit le coll�ge de Santiago, le 7 janvier 1920. Il �tait alors sup�rieur de ce coll�ge. Il est fort probable que cette catastrophe eut un f�cheux retentissement sur son �tat de sant�. Mais son �nergie de montagnard loz�rien le tint debout, sup�rieur � l��preuve. Il est vrai que c��tait un homme de foi, et qu�il avait confiance dans l�attachement de ses �l�ves et de leurs familles. Il ne se trompait pas. Gr�ce au d�vouement de ses professeurs qui ne faisaient qu�un avec lui, des ruines fumantes surgit aussit�t un nouveau coll�ge plus grand, plus solide, plus beau et encore plus fr�quent� que ne l�avait �t� l�ancien.
Quant aux collections d�Histoire naturelle, elles se refirent promptement, et le mus�e du nouveau coll�ge ne tardera pas � l�emporter sur l�ancien. Le P. F�lix y a travaill� tant qu�il a pu. Le but de ses promenades, de ses excursions qui l�amenaient parfois jusqu�� 5.500 m�tres d�altitude, c��tait la recherche de plantes, d�animaux ou d�insectes rares et inconnus. Lorsque, par bonheur, il lui arrivait d�en d�couvrir quelqu�un, aussit�t il s�agenouillait, joignait les mains et disait merci � Dieu.
La "Revista Chilena de Historia Natural" qui le comptait au nombre de ses collaborateurs, a publi� en 1936 une longue notice sur sa contribution aux recherches scientifiques chiliennes. Son nom �tait connu au-del� des Andes. Huit jours avant sa mort, lui arrivait � Valparaiso son dipl�me de membre correspondant de l�Institut des Sciences, Lettres et Arts de Campinas, �tat de Sao Paulo (Br�sil).
Outre les articles d�Histoire naturelle publi�s dans la Revue Chilienne, le P. F�lix avait compos�, pour l�utilit� de ses �l�ves, des manuels de G�ographie, d�Histoire et de Zoologie qui ont �t� imprim�s, et en outre des manuels d�Anatomie et de Physiologie qui sont rest�s manuscrits.
Par ailleurs, comme il s�int�ressait beaucoup � l�Ile de P�ques ou Rapanui, dont la mission fut fond�e en 1864 par le fr�re Eug�ne Eyraud, envoy� par le Provincial de Valparaiso � il a sauv�, peut-on dire, la notice que le R.P. Hipollyte Roussel avait compos�e sur cette �le et que nous avons publi�e dans nos "Annales" en f�vrier 1926. Il a publi� �galement le Lexique de la langue Rapanui, d�apr�s le P. Roussel, avec traduction fran�aise et espagnole; il s�appr�tait m�me � la r��diter en y ajoutant une traduction anglaise. Durant son s�jour � la Maison-m�re, il avait mis au point une traduction fran�aise interlin�aire du cat�chisme Rapanui compos� par le P. Roussel; et enfin, au moment o� il bouclait sa valise pour se rendre � Montgeron, il nous remettait la traduction espagnole de la notice de ce m�me P�re sur cette �le myst�rieuse.
Ce fut jusqu�� la fin un travailleur m�thodique et pers�v�rant. Le P. F�lix n�a pas pu faire tout ce qu�il aurait voulu, car sa sant� fut presque toujours d�licate et lui imposa des m�nagements. Malgr� cela, il a rempli successivement les charges de prieur, de sup�rieur de coll�ge de Santiago et de Valparaiso, de vice-provincial et de Provincial de l�Am�rique du Sud: cette derni�re charge durant quinze ans, de 1923 � octobre 1938.