Echos de la b�atification

par Sr. Marie Sylvie Maurin, ss.cc
in � Horizons Blancs n�188

13 juin 2006 : Avec nos fr�res et soeurs, dont l'accueil a �t� tr�s chaleureux � l'a�roport, nous entrons, d�s ce soir, dans le Triduum de pr�paration � la B�atification, avec tout un peuple chantant, heureux de c�l�brer celui qui a �t� "pr�sence de Dieu" au milieu d'eux.

Dans l'�glise des Sacr�s-Coeurs, tout parle d'Eustaquio : son tombeau � l'entr�e o� nous d�posons les intentions confi�es ; son portrait � droite de l'autel que nos amis tahitiens auront la joie d'embellir ; sur le mur, derri�re l'autel, sa devise : "Salude e Paz" (Sant� et Paix). II �crivait : "'Voil� la sainte vocation que je sens en moi : �ter les douleurs corporelles pour pouvoir aviver la foi de notre temps. Oui, je me sens pouss� � r�pondre � tous ceux qui souffrent et sont dans l'�preuve."

Moments inoubliables dans cette �glise o� les hom�lies sont de vrais temps de formation chr�tienne ; o� pr�tres et �v�ques arrivent de plus en plus nombreux ; o� l'adoration du dimanche � 15 h, anim�e par le P�re Lucio ss.cc., est remplie de l'esprit du Bienheureux Eustaquio. Dans les ann�es dures de son isolement, il avait ainsi pr�cis� sa vocation : 'Aimer et faire aimer Dieu' ! Ceci est �crit dans sa minuscule chambre d'h�pital o� sont affich�es les photos de ceux et celles qui ont �t� gu�ris par son intercession.

Le 15 juin, en la F�te du Corpus Cristi (F�te-Dieu), La Congr�gation se rassemble, fraternise, accueille de nouveaux membres : fr�res, soeurs, la�cs ss.cc venus entourer celui qui a pleinement r�alis� le 'contempler, vivre et annoncer l'Amour mis�ricordieux de Dieu'. Belle c�l�bration avec Enrique Losada et Jeanne Cadiou, nos deux g�n�raux venus de Rome.

En d�but d'apr�s-midi, dans le stade Mineir�o, les 80 000 places se remplissent rapidement; sur la pelouse, des centaines de jeunes, v�tus de tuniques aux couleurs �clatantes, prennent place pour les chor�graphies qui ponctueront chaque moment de la c�l�bration. � chaque extr�mit� du terrain, un immense portrait du P�re Eustaquio.
15h30, le rituel de la B�atification commence : demande de b�atification par l'archev�que de Belo Horizonte ; biographie d'Eustaquio par le P�re Lucio, Provincial du Br�sil ; lettre de Beno�t XVI et appara�t le portrait de notre "Fr�re Bienheureux", acclam� par une salve d'applaudissements et de chants pendant que soeurs et famille d�posent des gerbes de fleurs. Grand moment pour la Congr�gation et l'�glise du Br�sil.

Cette splendide c�l�bration de quatre heures s'ach�ve dans la nuit... Des milliers de veilleuses s'allument dans les gradins. La procession du St-Sacrement avance maintenant, fait le tour du stade, au milieu des chants d'un peuple manifestement heureux! N'est-ce pas normal ? "Son Eustaquio" vient d'�tre proclam� Bienheureux!

Une b�atification lors de la rencontre des Supporteurs de Dieu

par Luis �Thomas et Marilia Domingos,
in � Horizons Blancs n�188

Nous avons eu l'immense bonheur de pouvoir participer � la b�atification du P�re Eustaquio. II faut dire que nous sommes un couple un peu "singulier" : je suis br�silienne, mari�e a un mozambicain, tous deux membres de la Fraternit� S�culi�re des Sacr�s-Coeurs : nous habitons � Paris � Picpus.

Sur cet �v�nement et son d�roulement nous aurons le regard des "nationaux". Nous connaissons bien le pays et nous comprenons certaines choses qui �tonnent les europ�ens : la religiosit� des br�siliens est un peu particuli�re...

Le pays, en majorit� chr�tien, est form� en grande partie des "autos" ce sont des chr�tiens non-pratiquants. Ils ne vont pas souvent � la messe, mais participent aux grandes f�tes et rassemblements religieux. Nous sommes un peuple o� le c�t� religieux est tr�s fort. Notre histoire chr�tienne remonte � l'�poque de la colonisation par les portugais. Avec les soldats, les pr�tres d�barquaient pour cat�chiser le "nouveau monde". Et le premier acte en arrivant � un nouvel endroit �tait de b�tir un autel et de c�l�brer une messe.

Nous croyons toujours aux manifestations de Dieu, � ses repr�sentants, ou � ses "avocats"... Cela explique le grand nombre des "bienheureux" populaires: non reconnus par l'�glise, mais pr�sents dans la m�moire collective. Mais nous n'avons pas des "vrais" saints originaires du pays. M�me les bienheureux sont rares.

Nous m�langeons aussi f�tes religieuses avec manifestations populaires. C'est un peuple de syncr�tismes mais d'une foi profonde. C'est un pays de contrastes, mais uni autour de la famille, de l'�glise.

Le P�re Eustaquio, n'�tait pas br�silien, mais il est devenu l'un des n�tres, par adoption. Peu � peu, sans faire de bruit, il a fait "bouger" des villes, attir� des foules, apprivois� le coeur des br�siliens. Sans bien parler la langue (il avait toujours gard� un fort accent), il �tait capable de se faire entendre par des gens tr�s simples. Il a touch� le coeur des puissants et a calm� les afflig�s.

Sa b�atification est ressentie, par les gens les plus simples, comme une reconnaissance par l'�glise, de ce qu'ils savaient d�j�. Ils avaient c�toy� un homme hors du commun, un envoy� de Dieu. Et cette reconnaissance devait �tre grandiose pour honorer celui qui avait d�j� conquis tout un peuple.

La date choisie co�ncidait avec un rassemblement d'Eglise qui existe d�j� depuis 12 ans. C'est un �v�nement propos� par le Dioc�se de Belo Horizonte, appel� "Les supporteurs de Dieu". Cet �v�nement a �t� propos� par l'archev�que de la Ville, pour faire face � d'autres grandes manifestations de sectes, d'�glises non reconnues par Rome. Mais aussi pour faire face � de grands �v�nements "payants", comme les concerts de musique ou les matchs de foot. "Si nous pouvons montrer notre attachement � des idoles, pourquoi ne pas oser venir dire notre amour � Dieu, dans ce grand temple du foot, qu'est le Stade Mineirao ?" C'est donc ce qui fut d�cid�.

Tous les ans, le jour du "Corpus Christi", est un jour ch�m� au Br�sil. Les catholiques se donnent rendez-vous pour montrer leur amour envers Dieu, au cours d'une c�r�monie qui dure quatre heures pr�cises et qui se termine toujours par une procession du Saint Sacrement au centre du Stade. Pendant ce temps les tribunes, allum�s par les bougies, vibrent au chant des cantiques.

Le P�re Estaquio a v�cu jusqu'au bout son engagement de religieux et de pr�tre des Sacr�s-Coeurs : il a contempl�, il a v�cu et il a annonc� l'amour de Dieu � tous, sans distinction.

Pour mieux vivre son amour aupr�s des d�laiss�s et des exclus, il fut oblig� de se cacher. Ainsi il a suivi l'exemple de notre Fondateur qui �tait rest� cinq mois, cach� dans le grenier d'Usseau.

Contrairement � ce que l'on a pu dire, entendre ou m�me �crire, il n'a jamais cherch� � attirer les foules. Il ne comprenait m�me pas pourquoi cela se passait ainsi. Il croyait seulement en la volont� divine. "Aimer et faire aimer Dieu, c'est la vocation que je sens en moi." disait-il.

Ce 15 juin 2006 nous avons c�l�br� cet amour de Dieu de la mani�re la plus belle qui soit avec les 80.000 mille personnes venues de plusieurs pays du monde. Nous avons chant�, vibr�, et m�me pleur� de joie en c�l�brant l'eucharistie.