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Ce Dieu qui nous appelle
L'histoire de notre salut est l'histoire d'un Dieu qui appelle et d'un peuple qui r�pond. Dieu a parl� et le monde a �t� fait: Dieu a parl� et l'humanit� a �t� cr��e. Dieu a parl� par les proph�tes et un Peuple a �t� fa�onn� pour l'accomplissement de ses desseins. L'appel de Dieu vient avec la force de la parole de Dieu.
Quand Dieu appelle, qui peut dire non? En effet, l'appel de Dieu est l'appel qui est Dieu. Si Dieu parlait et si cet appel n'�tait pas entendu, alors Dieu ne serait pas Dieu. Dieu est l'appel de Dieu, que ce soit l'appel � la cr�ation ou, l'appel � la R�demption. "Ma parole sortira de ma bouche; mais elle n'y reviendra pas sans avoir fait ma volont�, sans avoir accompli le projet pour lequel je l'ai envoy�e". (Is 55)
Dieu nous appelle � partager la mission de Dieu, dans l'action de Dieu qui sort de Dieu. Si Dieu appelle, c'est que quelqu'un est envoy�, c'est que quelqu'un est envoy� � porter la parole de Dieu. Dans, l'�vangile selon Jean, Dieu est admirablement appel� celui qui envoie. Et dans l'histoire du salut, Dieu passe son temps � envoyer, � co-missionner, c'est-�-dire, � inviter � partager la mission.
D�s avant la mort de J�sus, l'appel � le suivre �tait un appel � suivre le Seigneur ressuscit�, le Christ. Lorsque des hommes et des femmes devenaient ses disciples pendant sa vie, ils/elles le faisaient non pas parce qu'il �tait accomplissement mais parce qu'il �tait promesse. La profondeur de la confiance de J�sus en Dieu attirait irr�sistiblement. J�sus avait confiance que Dieu ne l'abandonnerait jamais et c'est ainsi qu'il grandissait dans l'�treinte de la volont� du P�re de sauver le monde. Le sens de la r�surrection p�n�trait d�j� sa vie, donnait forme � sa relation avec les autres, portait ses actes, donnait � ses paroles leur caract�re d'urgence. Marc saisit parfaitement ce sens de la convocation: "Aussi quitt�rent-ils leur p�re� et le suivirent" (Mc 1,20).
Cette co-mission est � la fois une mise � part et une orientation vers la solidarit�. Une personne � part est tenue de servir les autres. Le choix est li� � la mission. Dieu non seulement envoie mais donne la gr�ce pour accomplir la mission. La d�couverte de la force a une r�sonance pascale. On s'�veille au Dieu qui donne la gr�ce, au Dieu dont la pr�sence fait na�tre et cro�tre le s�nev�. Le discernement d'une vocation � une mission particuli�re vient apr�s l'identification de ces gr�ces dans un contexte de nouvelle naissance mais non sans une mort au moins partielle � soi-m�me.
Lorsque Dieu appelle, il pr�pare le c�ur � la r�ponse. C'est dans le c�ur que se fait la d�couverte de la volont� de Dieu. C'est l'�l�ment central de l'histoire d'une personne, le lieu nouveau o� la personne prend conscience qu'elle a re�u la gr�ce de la mission. Le � c�ur � et la "d�couverte" sont en parfaite harmonie. "Notre c�ur n'�tait-il pas tout br�lant au-dedans de nous..." (Lc 24, 32).
Les r�cits d'appel de la Bible font souvent �tat de la r�ticence de celui qui est appel� � agir sous l'impulsion de la gr�ce d�couverte. Marie interroge le messager de Dieu; bien plus, elle proteste de l'impossibilit� de la mission. On lui donne un signe qui lui montre que l'appel vient de Dieu. Ce t�moignage de l'Esprit ne fait que contribuer � mettre en lumi�re sa disposition � dire "oui".
L'appel de Dieu est imp�ratif et pourtant lib�rateur. "Malheur � moi, �crit Paul, si je ne pr�che l'�vangile" (1 Cor 9,16). L'obligation est dans le c�ur de Paul. L'obligation int�rieure de faire la volont� de Dieu, de sauver le monde est mise au c�ur d'un individu. Pour certains, cela fait l'effet d'un �clair qui les aveugle; pour la plupart, c'est la prise de conscience int�rieure progressive, la reconnaissance de la gr�ce qui leur est donn�e pour le monde de Dieu, de leur temps. "Parle, Seigneur, ton serviteur �coute", dit Samuel (1 S 3, 9).
L'appel de Dieu est libre. Il y a lib�ration des choses qui nous retiennent et libert� pour r�pondre. En disant "oui", on se lib�re des peurs qui paralysent. Les peurs peuvent subsister mais elles ne paralysent plus. L'appel nous donne le courage d'agir en d�pit de nos peurs. La peur est souvent transform�e en crainte respectueuse et en gratitude et la personne se confond en reconnaissance pour l'appel re�u de Dieu. C'est en r�pondant "oui" � l'appel de Dieu que l'on d�couvre ce qu'est la libert�. Si la libert� est l'aptitude � choisir ce qui est bon, l'acceptation de l'appel de Dieu nous pousse � faire ce qui est bon et � nous �merveiller devant la bont� et la beaut� cach�es dans les personnes avec qui et pour qui nous avons le privil�ge de travailler. On devient une personne libre en prenant conscience agr�ablement de tout ce que Dieu a fait pour nous. Ainsi, aucune traduction n'arrivera jamais � saisir le pass�, le pr�sent et le futur de l'amabilit� de Dieu � l'�gard de Marie contenue dans le salut que l'ange lui adresse, en Luc 1,28: "R�jouis-toi, le Seigneur est avec toi, la depuis toujours destin�e � recevoir la gr�ce de la mission!" Le cantique de Marie n'est ni plus ni moins qu'un commentaire de cette salutation.
Bien avant notre premi�re prise de conscience de la gr�ce, et m�me longtemps apr�s, Dieu appelle. On ne demande � personne de courir parce qu'il a entendu un appel une seule fois. Dieu continue � nous appeler � toutes les �tapes de notre vie; c'est l� que se situe notre travail de discernement le plus difficile, la d�couverte au plus intime de nous-m�mes de notre gr�ce propre. Alors que l'exp�rience du v�cu estompe l'�merveillement, Dieu appelle, sur la base de cette m�me exp�rience, � d'autres �merveillements et � une prise de risques toujours plus grande. L'appel de Dieu ne se r�duit pas un simple virage sur la route de notre vie; l'appel de Dieu nous accompagne tout au long de nos jours. Nous ne serons pas moins appel�s � la vie sur notre lit de mort que nous ne l'avons �t� depuis le jour o� nous avons �t� con�us.
Quand les premiers Chr�tiens ont choisi le bapt�me comme rite d'initiation � la communaut�, ils ont essay� de symboliser l'appel, la force, la mission, le combat et l'espoir. Aujourd'hui nous mettons la m�me signification dans l'expression "cons�cration baptismale". Au bapt�me, nous sommes tous appel�s � la mission, � prendre part � la seule mission du Christ en vivant nos propres dons dans et � travers la communaut�. Tous sont appel�s. Tous sont convoqu�s � la mission. Dans sa salutation aux Corinthiens si conscients de leurs aptitudes � la mission, Paul met les mots "appel�s saints" en parall�le avec le mot "consacr�s". Ils se d�finissent mutuellement. Et puis Paul conclut son action de gr�ce � Dieu pour ces m�mes Corinthiens par une expression qui c�l�bre pour toujours la structure dynamique de l'�glise comme assembl�e des appel�s: "Il est fid�le le Dieu qui vous a appel�s � la communion de son Fils, J�sus-Christ Notre Seigneur" (1 C 1, 9). L'appel � la mission est lui-m�me l'appel � la saintet�. Et l'appel � la saintet� passe par notre cons�cration baptismale.
Toute vocation chr�tienne est un appel � une communaut� particuli�re, � l'int�rieur de la communaut� des communaut�s qu'est l'Eglise. L'appel est une forme particuli�re donn�e � la cons�cration baptismale. Pour la multitude, l'appel vise la formation de la communaut� familiale par la vocation au mariage. La relation avec le Dieu, qui appelle quelqu'un � une communaut� particuli�re, que ce soit la famille, une communaut� religieuse ou la communaut� de l'�glise dioc�saine, est v�cue selon des modalit�s �tablies au cours de l'histoire par les fondateurs et les membres de cette communaut� aid�s de la gr�ce. Tous les �l�ments fondamentaux qui font le chr�tien sont pr�sents dans chaque communaut� mais leur disposition au sein de la constellation communautaire varie sans rien perdre de sa richesse et de son �nergie vitale. Ainsi une vocation aux Sacr�s-Coeurs est toujours un appel � la saintet� v�cu dans une communaut� missionnaire, en application concr�te de notre cons�cration baptismale.
La d�couverte de l'amour, de l'amour sans partage de Dieu qui est toujours � la recherche de ceux qui ne font pas confiance � l'amour, est essentielle � la vocation ss.cc. Pour �tre plus pr�cis, au coeur de la vocation ss.cc se trouve la d�couverte de l'amour entre J�sus et Marie, une exp�rience toujours nouvelle et d'une richesse in�puisable. Leurs coeurs sont �galement centre de d�couverte. J�sus a tant d�couvert de son propre c�ur dans le c�ur de Marie. Elle est venue � lui model�e par la spiritualit� de l'espoir et de l'attente du salut, des th�mes qui font partie de son h�ritage juda�que. Sa vie �tait une pri�re ouverte demandant � Dieu d'envoyer un r�dempteur. Elle repr�sentait toute l'intimit� avec Dieu n�e de la r�flexion d'Isra�l sur l'exp�rience. Elle est venue dispos�e � servir � l'int�rieur de la vocation de son peuple. Elle a fait confiance au Dieu qui agit � contre-courant des attentes humaines.
Les femmes de l'Ecriture �taient ses mod�les. Elle trouvait force et consolation dans la pers�v�rance d'Anne et le dynamisme d'Elisabeth, dans le rire de Sarah et la douceur de Ruth. Conna�tre Marie, c'�tait s'ouvrir une entr�e meilleure que toutes les autres, � la spiritualit� du peuple de Dieu. C'est dans cet environnement que J�sus est n� et a grandi. Son c�ur a puis� dans son c�ur une solidarit� de plus en plus profonde, solidarit� avec son peuple, union avec Dieu. Il a cultiv� de grandes capacit�s � aimer et � m'�mouvoir devant les conditions et le sort des autres. Il a �cout� attentivement avec les oreilles de son c�ur et quand il parlait, il ne parlait pas pour ne rien dire parce qu'il insistait sur les v�ritables conditions de vie des gens. Il grandissait en intuition et en sagesse. J�sus est venu non pas pour d�poss�der les personnes de leurs droits mais pour les leur restituer. Le monde qu'il d�couvrait n'avait pas besoin de plus d'intelligence, mais seulement de plus de compassion et de mis�ricorde. J�sus a v�cu le commandement de l'amour jusqu'� l'extr�me. Ce que Marie a enseign� tout sp�cialement � J�sus, c'est de faire confiance � l'Esprit en se lan�ant, sur des voies qui n'avaient jamais �t� emprunt�es.
La cons�cration � ces Sacr�s Coeurs, enracin�e comme elle l'est dans la cons�cration baptismale, forme le fondement de notre institut. Le c�ur parle au c�ur dans cette convergence entre l'histoire de J�sus et celle de Marie. Ce ne sont pas deux personnes juxtapos�es par hasard. Leur relation s'appelle mutuellement et aide chacun � reconna�tre et � embrasser son r�le dans l'histoire de l'amour de Dieu pour le monde. La cons�cration n'est pas notre affaire � nous, elle est l'affaire de Dieu dans l'Esprit qui nous pousse � trouver dans le lien entre les Coeurs de J�sus et de Marie notre propre identit� comme Fr�res et Soeurs, notre mani�re de nous laisser modeler et remodeler � l'image de Dieu.
Dieu nous consacre, Dieu nous sanctifie en nous entra�nant � d�couvrir l'amour missionnaire de J�sus et Marie. Une telle d�couverte engendre le z�le. La cons�cration, c'est Dieu qui nous rend z�l�s, ensemble pour la mission de l'amour. Le but de la Congr�gation, comme �uvre de Dieu, est d'abord et avant tout la cons�cration de ses membres � travers la mission de la contemplation, de la vie et de l'annonce au monde de l'Amour de Dieu fait chair en J�sus avec la gr�ce tout � fait particuli�re faite � Marie d'y apporter sa coop�ration.
L'existence de notre charisme pour la d�couverte de l'amour qui sauve a �t� attest�e par l'Eglise. Nous croyons que Dieu en appelant l'Eglise � l'existence appelle aussi notre Congr�gation � l'existence. Le dynamisme de notre cons�cration est dans la fid�lit� de Dieu qui appelle, qui convoque, qui nous confie une mission d'amour pour le monde de notre temps. "Dieu est fid�le" et nous appelle � entrer dans la communaut�, non pas celle d'hier, mais celle de demain, et donc celle d'aujourd'hui."
█ █ SOURCES █ Texte █ David Reid, ss.cc █ in "Un charisme dans l'Eglise" (2001) █
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