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Portrait de Saint Fran�ois R�gis, patron de la branche s�culi�re
in "Horizons Blancs" n� 180
Saint Jean-Fran�ois R�gis (1597 � 1640) a �t� choisi pour �tre le patron de la Fraternit� S�culi�re des Sacr�s-Coeurs de Picpus. Qui est donc cet homme que l'histoire nous d�crit comme jovial, doux comme son accent chantant occitan, fort comme sa carrure et sa haute taille, d'une ardeur que la contemplation du Christ sut transformer en non-violence?
Jean-Fran�ois naissait le 31 janvier 1597 � Fontcouverte en Languedoc, dans une famille de gentilshommes ruraux. Ses premi�res ann�es se d�roulent comme celles des enfants de ce coin du Midi, et une pieuse maman aide l'enfant � y voir clair dans sa conscience et � aimer J�sus de tout son coeur, non seulement en paroles mais par des efforts et des sacrifices quotidiens, le pr�parant ainsi � se rendre docile � ce que le Seigneur attendait de lui.
A 15 ans, Jean-Fran�ois entre au Coll�ge de B�ziers, dans le Gard, une institution tenue par les P�res J�suites. Ayant pour patron Saint Fran�ois-Xavier, il pense aux Missions lointaines... Mais il sait aussi que l� o� il est, il peut �tre missionnaire par la pri�re, une grande puret� de coeur. Il fera partie de la Congr�gation de la Sainte Vierge de son �tablissement. Par la visite des pauvres et des malades : il s'agr�ge aux P�nitents Bleus de Saint J�r�me. Et d�j� par l'apostolat : �tant log� avec d'autres �tudiants chez l'habitant et connaissant les m�faits de la dissipation, il s'entend avec ses camarades pour fixer des temps de pri�re en commun et des moments de silence. Il organise m�me la lecture pendant les repas.
Elev� donc chez les J�suites de B�ziers, tr�s t�t il demande � entrer dans la Compagnie de J�sus pour y faire son noviciat, qu'il commence en 1616, � Toulouse. Il prend la soutane et commence ses �tudes th�ologiques. Plein d'abn�gation, il abr�ge m�me ses �tudes de th�ologie pour r�pondre au plus vite � la p�nurie de vocations sacerdotales. II sera ordonn� pr�tre en 1630. Mais auparavant, il r�conforte les malades de l'h�pital Saint Jacques de Toulouse, puis enseigne la grammaire et le cat�chisme � Auch, Billon, Cahors, Tournon, Le Puy, Pamiers, donnant partout � ses �l�ves l'amour de la croix. Ainsi, tous avaient remarqu� qu'en hiver, malgr� le froid vif des C�vennes, Jean-Fran�ois tenait ses mains hors des poches. On parlait de lui comme de "l'ange du coll�ge". Courageux, lors d'un temps de peste et de famine, en 1631, on l'a vu se donner au dangereux m�tier d'infirmier, sans se soucier des dangers encourus.
C'est � cette �poque qu'il demande de partir au Canada. Mais, de par la volont� de ses Sup�rieurs, sa terre de mission -et de martyr-; sera le Vivarais. L'humilit�, c'est l'ob�issance, et le P�re R�gis vivra le voeu de sa profession religieuse. Il devient un pr�dicateur �cout�. Pour l'entendre, des foules se d�placent. Il parle simplement, sans effets oratoires. Son enseignement, c'est du cat�chisme, mais il sait tenir en haleine, instruire, int�resser les auditeurs par des questions, et m�me en y introduisant des chants. Des "m�thodes actives" en quelque sorte, dirions-nous de nos jours. II y a chez lui une telle flamme qu'il p�n�tre les coeurs et les convertit.
Bon ligueur, son p�re avait combattu les huguenots. Le fils, parce que le Christ a toute sa place dans son �me d�ap�tre, op�re des conversions, m�me chez des gens qui, de prime abord, n'y �taient pas dispos�s. "Qui vous d�dira, lui r�pondra un jour une protestante, vous me le demandez de si bonne gr�ce !"
Et il confesse... Nous savons que Saint Jean-Marie Vianney, renvoy� du S�minaire pour insuffisance intellectuelle, fit � pied le p�lerinage de La Louvesc pour aller prier sur le tombeau de Saint Jean-Fran�ois R�gis. Ne peut-on pas penser que ce fut l� que le futur cur� d'Ars obtint de devenir le passionn� du confessionnal que nous connaissons, pr�s de cet Ap�tre du Vivarais qui demeurait enferm� des jours entiers au tribunal de la p�nitence, oubliant parfois le peu de nourriture mendi�e � la porte des cabanes et qu'il ne prenait que le soir !
Mais c'est surtout par son travail social que Jean-Fran�ois R�gis marqua l'histoire, notamment dans la ville du Puy-en-Velay o� il se livra � un v�ritable combat contre la pauvret�. Ville o� s'�chouaient toutes les pauvres victimes des guerres et des disettes, dans cette France de Louis XIII et de Richelieu. Ch�mage, mis�re, la ville �tait aussi gangren�e par l'ivrognerie et surtout la prostitution.
Aussi, il se fera le protecteur des filles perdues, en fondant le Refuge du Puy o� il les r�unit et les pacifie. Bien s�r, le d�mon et ses complices ne capitul�rent pas facilement, mais il sut y mettre le prix pour venir � bout des obstacles. Dieu seul conna�t les disciplines que le P�re R�gis s'imposait pour sauver ces malheureuses victimes : trois heures de sommeil par nuit seulement, allong� sur de simples planches. Frugalit� extr�me de la table : pas de viande, ni poisson, ni vin... Quand il parlait � ces filles, on remarquait avec quelle politesse et courtoisie il s'adressait � elles, comme si c'�tait des reines. Fran�ois a su mettre en pratique la parole du Ma�tre : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur". Sans �tre dupe ou bonasse pour autant. Ne dit-on pas qu'un jour, dans la rue, voyant deux braillardes s'insulter, Jean-Fran�ois ramassa de la boue et la leur lan�a en pleine bouche, comme on le fait au passe-boule ? Le r�sultat fut imm�diat. Non seulement elles se turent - comment auraient-elles pu faire autrement ?- mais, � miracle, elles devinrent amies.
Partout le P�re R�gis cherche ainsi � arr�ter l'encha�nement de la violence, � construire la paix, � apaiser les familles. II avait aussi le don d'�clairer les consciences et de mobiliser autour de lui en faveur des plus pauvres, cr�ant une foule de micror�alisations, comme "l'Oeuvre du Bouillon" une sorte de Resto du Coeur avant l'heure. Fran�ois R�gis n'a cess� de parcourir les hautes terres du Velay et les vall�es du Haut Vivarais, qu'il marqua de sa forte personnalit� et de son action efficace. Et il s'est �teint un jour d'hiver, le 31 d�cembre 1640, � l'�ge de 43 ans, � Lalouvesc (Ard�che), au cours d'une Mission qu'il pr�chait, emport� en cinq jours par la maladie, us� par ses je�nes, ses pr�dications, ses marches et contre-marches, dans la neige, le froid, les for�ts, devant faire attention aux loups, allant de hutte en hutte pr�cher l'�vangile, r�gulariser d'innombrables situations matrimoniales, pousser les �mes dans l'amour du Christ et la fid�lit� � Sa Parole. Cette vie, m�me br�ve, aura illustr�, avec �clat, la force de son abandon total � la Providence, pr�conis� par Saint Ignace de Loyola, le fondateur de son Ordre. V�rit� livr�e par le Christ lui-m�me : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire".
Le corps du Saint, soustrait aux profanations de la R�volution, fut reconnu par Mgr de Chabot en 1802 et solennellement rendu � l'�glise de Lalouvesc. Dans cette circonstance, le P�re Coudrin ss.cc, Vicaire G�n�ral de Mgr de Chabot, pr�cha devant une foule de plus de 12 000 p�lerins et porta sur ses �paules, avec l'Administrateur du dioc�se, les pr�cieuses reliques, qu'il pla�a lui-m�me dans le tombeau pr�par� pour les recevoir.
"Passant de Dieu, ramoneur d'espoir, voyageur sans bagage, ambulant de la charit�". C'est ainsi que le po�te Jean Debruyne d�crivait le personnage, dans un spectacle qu'il lui consacrait � l'occasion des c�l�brations du quatri�me centenaire de sa naissance, f�tes qui se d�roul�rent au Puy les 13-14-15 juin 1997. Une comm�moration que le Pape Jean-Paul II tint lui-m�me � saluer, �voquant la "charit� sans limites" et le "plus haut degr� de disponibilit� � l'action de la Providence" de cet humble serviteur missionnaire. "Ce j�suite, poursuit le pape, � qui l'on doit la pacification d'un peuple ensanglant� par les guerres de religion, peut �tre un mod�le pour pacifier les coeurs et les soci�t�s, mission essentielle de la fin du XX�me si�cle" �crivait-il � Mgr Jean Bonfils, �v�que de Viviers. Saint Jean-Fran�ois R�gis a �t� canonis� en 1737. Son tombeau, � Lalouvesc, attire toujours de nombreux p�lerins et touristes. L'Eglise le f�te le 16 juin. Mais son culte se limite aux r�gions o� il a exerc� son minist�re : la Haute-Loire, le Vivarais, l'Ard�che et les C�vennes.
Patron de la Fraternit� S�culi�re des Sacr�s-Coeurs, il est partout tr�s honor� dans la Congr�gation, car il a �t� choisi par le Fondateur lui-m�me, le P�re Marie-Joseph Coudrin, qui avait pour ce saint une grande admiration et une d�votion particuli�re. Invoquons-le souvent. Il saura toujours nous conseiller et nous r�conforter. Saint Jean-Fran�ois R�gis, veillez sur nos familles et sur chaque membre de la Fraternit� S�culi�re des Sacr�s-Coeurs de J�sus et de Marie qui s'est plac�e sous votre protection.
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