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Pierre Coudrin: Une vie donn�e au service de l'Evangile
Pierre Coudrin, Fondateur de la Congr�gation des Sacr�s-Coeurs, est n� le 1er mars 1768. Le P�re Bernard Couronne ss.cc revient sur la figure de notre fondateur...
Paris, printemps 1837
Dans la lumi�re de P�ques, le Fondateur de Picpus s'en est all�. Il a combattu le bon combat, il a achev� sa course. "Nous avons soutenu ensemble le combat de la foi", se souvient de son ancien compagnon, Mgr Soyer, Ev�que de Lu�on. "J'ai �t� t�moin de sa ferveur ang�lique, de son z�le ardent et de sa pi�t� inalt�rable".
Toute personne, plus encore un Fondateur, est, selon l'ap�tre Paul, "une lettre du Christ �crite, non avec de l�encre, mais par l�Esprit de Dieu dans la chair, pour qu'elle soit connue et lue par tous". Mais que d'emb�ches pour celui qui s'efforce d'en d�chiffrer le message! Les p�rip�ties du parcours nous captivent, et le contexte de l'�poque, peu familier, nous distrait de cette t�che. C'est au niveau du dialogue de la personne avec Dieu qu'appara�t la trame profonde d'une vie. A n'en pas douter, la foi de Pierre Coudrin est un t�moignage stimulant pour qui veut vivre d'Evangile aujourd'hui.
Au jour de son bapt�me, le 1er mars 1768, il re�oit le nom de Pierre. Dieu l'appelle � �tre fondation. Tr�s t�t, il apprend des siens un Dieu P�re proche et attentif qui, en J�sus-Christ, a pris la route de l'homme. Son Amour le conduit � la proximit�. Les rebuffades et les infid�lit�s ne le d�couragent pas: il est le Dieu fid�le. Le petit Pierre est fascin� par ce Dieu au visage de tendresse avec lequel ses parents le familiarisent au cours de fr�quentes visites � l'�glise du village ou dans l'accueil des pauvres qui se pr�sentent � la porte de la ferme.
Cette �ducation creuse en lui la soif de Dieu. Ne recommande-t-il pas au premier noyau de ses disciples de prier au saut du lit le psaume 62 : "Dieu, Tu es mon Dieu, je Te cherche d�s l'aube. Mon �me a soif de Toi..." Sa foi sera confiance sans borne "dans la Providence du Seigneur qui nous conduit comme par la main".
Cet attrait pour Dieu et pour les choses de Dieu l'oriente, en effet, vers le sacerdoce avec l'ardeur et l'audace que l'on sait. "D�s votre plus tendre enfance, lui rappelle la M�re Henriette en 1803, vous aimiez prier le Bon Dieu, apprendre votre religion et en parler... C'est entre neuf et dix ans que votre vocation s'est enti�rement d�cid�e...".
Les combles de la ferme de La -Motte d'Usseau seront le lieu d'une exp�rience qui le marquera pour la vie. Dans la nuit, en pri�re devant le Saint Sacrement, il per�oit combien la souffrance des gens meurtris, d�sorient�s, sans berger, affecte le Coeur de Dieu. Du seuil de ce grenier, il s'�lance � la mani�re de Paul : "pour t�cher de saisir le Christ parce qu'il a �t� saisi par Lui".
"Quand je sortis, raconte-t-il, je me d�vouai � la mort. Car je m'�tais fait pr�tre dans l'intention de souffrir tout, de me sacrifier pour le Bon Dieu et de mourir s'il fallait pour son service". Nous tenons l� le fil rouge qui donne sens � toute son existence. La Passion de Dieu pour le bonheur de l'homme l'a d�finitivement saisi. D�sormais, � la suite du Christ, il sera un homme totalement livr� � Dieu et aux autres. Une seule chose comptera pour lui: accomplir "l'Oeuvre de Dieu". La fondation de sa famille religieuse trouve l� ses origines et sa signification.
D�sormais, rassembler des femmes et des hommes de bonne volont� pour "r�pandre l'Evangile partout" s'impose � lui comme une "ardente obligation". Avec eux, il exprimera sa foi et sa mani�re de r�pondre � l'appel de Dieu dans le vocabulaire et les pratiques de la d�votion au Sacr� C�ur. Il s'agit "d'entrer avec J�sus et comme Marie dans le dessein du P�re qui est de sauver le monde par l�amour". A la suite du Christ au Coeur ouvert qui a aim� "jusqu'au bout", son engagement "le plus essentiel" est de travailler sans rel�che "au salut de ses fr�res". Tel est bien le sens de la "Cons�cration aux Sacr�s C�urs de J�sus et de Marie" qu'il pose comme fondement de sa vie et de son Institut. Clandestin, pr�dicateur, pasteur, adorateur, �ducateur, fr�re parmi ses fr�res, jusqu'� l'�puisement, il donne sa vie en se faisant serviteur. Son humanit� n'en est pas mutil�e pour autant. Serait-ce possible puisqu'il s'agit d'aimer?
Il entre dans ce qu'il appelle "la Carri�re" avec un enthousiasme communicatif, sans tergiverser. Il a plus de go�t pour l�action que pour l��tude ou la pri�re. Il cr�e, organise, d�fend avec �pret� et quelque impulsivit� ses r�alisations. Mais cette force de caract�re mise au service d�une telle cause va de pair avec une cordialit� chaleureuse et une grande bont� qui conquiert les c�urs.
Il le dit et il l'�crit sans cesse: Le Christ est tout pour lui. Il est au c�ur de sa pri�re. Il est le chemin de sa r�ponse � l'Amour de Dieu. A la suite du "Bienheureux P�re St Beno�t", il ne veut "rien pr�f�rer � l'Amour du Christ".
Il s'appuie sur l'exp�rience spirituelle de la M�re Henriette pour �crire � ses premi�res communaut�s : "Ne perdons pas de vue que Notre Seigneur veut que nous entrions dans le crucifiement int�rieur de son C�ur" (14 avril 1817). Marcher dans la voie de l'Amour � la suite du Christ Serviteur, c'est faire siennes ses attitudes, ses choix, sa mani�re de penser ; c'est aimer comme Lui "� c�ur ouvert", vid� de soi pour se laisser habiter par l'autre.
Avec St Paul, il n'h�site pas � consid�rer que tout est perte en regard de ce bien supr�me qu'est la connaissance du Christ. "Il s'agit donc de Le conna�tre, Lui et la puissance de sa R�surrection et la Communion de ses souffrances, de devenir semblables � Lui dans la mort, afin de parvenir � la r�surrection".
On comprend alors le choix et la port�e de la formule des v�ux de No�l 1800, ainsi que le rite de la prostration sous le drap mortuaire. "Vivre et mourir au service des Sacr�s C�urs de J�sus et de Marie", c'est-�-dire s'offrir pour que l'Amour du P�re prenne chair dans notre Vie, a quelque chose � voir avec le cycle pascal du grain de bl� mis en terre pour porter du fruit. Cet acte de cons�cration, �lan d'amour qui se livre, porte toute sa vie. Jusque dans son agonie, il renouvelle son offrande. Les enfants du "Coeur du Bon Ma�tre" seront toujours "les enfants de la Croix" r�p�te-t-il sans cesse.
C'est � ce prix que l'Amour de Dieu prend chair dans une vie d'homme. La communion fraternelle qu'il �difie devient signe du Christ. N'est-ce pas l'objectif qu'il assigne � sa Congr�gation? Aussi, rien ne lui est plus sensible que ce qui porte atteinte � l'unit�. Ses derni�res ann�es seront hant�es, non sans raison, par la crainte des divisions parmi les siens.
Mais il est un lutteur opini�tre. Jusqu'au bout, il fera front aux incompr�hensions et au d�couragement. La tentation de se retirer dans la solitude affleure dans sa correspondance avec les plus proches de ses compagnons. Il restera debout, � son poste, jusqu'� la fin. C'est sa fa�on d'aimer et de donner sa vie. Ce dynamisme qui entra�ne sur les routes de l�Evangile, il le puise dans la pri�re, "creuset de l'Alliance" avec son Dieu. "Le Bon Dieu vous a accord� le pr�cieux don de sa pr�sence habituelle, remarque la M�re Henriette; c'est-�-dire qu'en causant, marchant ou faisant autre chose sans penser, vous y pensez. Il est en vous plus que vous-m�me" (1801). Voil� le secret de sa force, qui lui donne la solidit�, parfois la duret� du roc sur lequel on peut prendre appui et construire.
Durant ses longues veilles d'adoration, il se tient en la pr�sence de son Seigneur dans l'Amour, simplement. Le Pain Eucharistique, Corps du Christ qu'il contemple, fait r�sonner en son coeur "les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses" de ceux qui l'entourent, de ses contemporains. Ils ont faim de tendresse. Comme le Christ, il sera "Pain rompu pour la Vie du monde". Dans l'�lan de l'Esprit d'Amour, "un homme mang�", totalement donn� aux autres. Sur cette fondation, d'autres pourront b�tir solidement. A ceux qui cherchent un chemin pour vivre l�Evangile avec passion dans un service humble et inlassable de l'homme, ses h�ritiers proposent toujours le sentier de Marche-�-Terre. Fleurant bon le printemps, il s'�chappe du Jardin du Ressuscit� et conduit vers les horizons d'un monde selon le C�ur de Dieu. Les petits, "les gens de peu" en sont les ma�tres d'�uvre.
par Bernard Couronne ss.cc in � Un charisme dans l�Eglise � (rome, 2001)
Pri�re pour la b�atification du P�re Coudrin
Dieu, notre P�re, tu as appel� ton serviteur, le P�re Marie-Joseph Coudrin � fonder une nouvelle Congr�gation religieuse dans l�Eglise pour r�pandre partout dans le monde les richesses infinies de ton Amour manifest� dans le Coeur de J�sus, ton Fils, et dans le Coeur de Marie sa M�re.
Fais que l�Eglise, par la canonisation de ton serviteur, le propose comme un authentique t�moin de ton Evangile, pour que son z�le ardent et sa pri�re confiante nous stimulent � suivre J�sus sur les routes humaines.
Donne-nous de br�ler du m�me z�le pour contempler ton Amour agissant au coeur de nos vies et pour l�annoncer toujours et partout.
Nous te le demandons par J�sus le Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen !
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