La pers�cution religieuse en Espagne, avec diverses �tapes � partir de 1934 jusqu�� la fin de la guerre civile, a eu ses moments les plus violents et sanglants de juillet � septembre du 1936. 14 religieux de la Congr�gation des Sacr�s-C�urs (Picpus) ont �t� assassin�s.
Te�filo Fern�ndez de Legaria Go�i et ses quatre compagnons, tu�s en haine de la foi pendant la guerre civile en 1936, seront b�atifi�s en Espagne avec d'autres martyrs en octobre 2013.
En juillet 2009, Beno�t XVI, apr�s l'audience accord�e au Pr�fet de la Congr�gation pour les causes des saints, avait autoris� la publication des d�crets relatifs au martyr du serviteur de Dieu.
La "Positio Super Martyrio" commence par celle du P�re Teofilo dont le proc�s dioc�sain f�t cl�tur� le 21 d�cembre 1951. Viennent ensuite les quatre autres, les P�res Isidoro, Gonzalo, Eladio et Mario, qui ont vu leur proc�s dioc�sain s�achever � Madrid le 13 juillet 1963. Pour tous, le 31 janvier 1992, une r�vision a �t� approuv�e et le d�cret de validit� a �t� publi�. C�est pourquoi, nous parlons, pour cette cause du "P�re Te�filo et ses compagnons martyrs:"
Ce sont les premiers membres de la Congr�gation � �tre reconnus officiellement comme martyrs par l�Eglise. Ils accept�rent de donner leur vie pour confesser la foi et manifester leur engagement religieux. "Ils n�ont pas aim� leur vie jusqu�� craindre la mort" (Ap 12, 11). Rendons gr�ce � Dieu d�avoir de tels fr�res et demandons force et courage pour notre foi et notre engagement aujourd�hui.
► P�re Te�filo (Benjam�n) Fern�ndez de Lagar�a Go�i, 38 ans, mort � El Escorial
► P�re Isidro (Juan) I�iguez de Ciriano Avechucho, 35 ans, mort � Madrid
► P�re Gonzalo (Fortunato) Gonzalo Fortunato Barr�n Nanclares, 37 ans, mort � Madrid
► P�re Eladio (Leonicio) L�pez Ramos, 32 ans, mort � Madrid
► P�re Mario (Luis) Ros Ezcurra, 26 ans, mort � Madrid
Pendant la guerre civile, en Espagne, quatorze confr�res furent victimes des agitations. L'un d'eux fut le P�re Te�filo Fern�ndez. N� le 5 juillet 1898 � Torralba del Rio, en Navarre, il entra, tr�s jeune, en contact avec notre Congr�gation. Gar�onnet de dix ans, il fut admis � l'�cole apostolique de Miranda de Ebro. Apr�s sa profession en 1916 et son ordination en 1923, il �tait clair qu'il mettrait ses nombreux talents d'esprit et de c�ur au service de l'�ducation et de la formation. A Rome, il �tudia la philosophie et la th�ologie et obtint un doctorat dans les deux branches. Il alla ensuite � l'Universit� de Salamanque, o� il fit une licence es lettres et devint l'ami du c�l�bre Recteur Magnifique, Miguel de Unamuno, qui appr�ciait les dons du jeune religieux.
Te�filo devint rapidement Sup�rieur du Coll�ge Martin de Los Heroes � Madrid. Bon directeur, il avait aussi toujours le temps pour accueillir les nombreux visiteurs qui venaient lui de mander conseil. Dans la lutte, pour le maintien de l'enseignement catholique, il joua un r�le important, sur le plan national, au point que Iba�ez Martin, ministre de l'�ducation nationale et fr�re d'armes de Te�filo, le cita en exemple. En ao�t 1935, Te�filo est nomm� Sup�rieur du Scolasticat � El Escorial. Il avait atteint ainsi l'id�al de sa vie. Pendant sa courte p�riode de Sup�riorat, il stimula et encouragea les �tudes, surtout l'�tude et la pratique du chant gr�gorien qui avaient ses faveurs.
La situation politique du pays �tait devenue de plus en plus tendue, et la guerre civile �clata. Dans ces circonstances, les P�res du Scolasticat se demandaient, s'il �tait indiqu� de laisser les �tudiants � El Escorial. Le 18 juillet 1936, Te�filo alla � Madrid, pour en discuter avec le P�re Provincial. Il fut d�cid� de laisser provisoirement les �tudiants au Scolasticat. Mais le Sup�rieur craignait, pour l'avenir.
Le 24 juillet, la maison fut r�quisitionn�e, comme h�pital auxiliaire, mis � la disposition des miliciens de gauche et, les P�res durent se d�clarer pr�ts � offrir leurs services. Tout alla bien pendant deux semaines. Les confr�res firent tout ce qui �tait en leur pouvoir, pour soigner les bless�s et, souvent ils gagn�rent leur sympathie. Gr�ce au soutien du maire, on put continuer ainsi, pendant un certain temps, mais, bient�t, les ardents communistes commenc�rent � exiger toujours davantage. La c�l�bre meneuse communiste 'la passionaria' intervint et promit son aide � ces communistes si exigeants d'El Escorial.
Le 9 ao�t, le maire trouva plus prudent de transf�rer les habitants du Scolasticat � Madrid. Seul, le Sup�rieur, deux P�res et quelques Fr�res resteraient. Au moment du d�part du car, le Sup�rieur b�nit, une derni�re fois, ceux qui s'en allaient. Il �tait tr�s �mu. Jusque l� il s'�tait ma�tris�. Mais, ensuite, il ne put cacher son d�sarroi et ses larmes. Cependant, il se reprit vite.
Gr�ce au rapport d'un P�re, rest� avec lui, nous savons ce qui se passa ensuite. Le mardi 11 ao�t, vers quatre heures de l'apr�s-midi, arriva une ambulance, avec de nouveaux bless�s. Le convoi �tait dirig� par un certain Ferdinand Gallego. C'�tait un chef communiste. Jusque l�, il y avait eu, � Madrid, a peine de quoi vivre et il fallait recourir aux repas distribu�s dans le coll�ge de la Congr�gation. Quand Gallego arriva, avec ses bless�s au scolasticat, celui-ci �tait bond�, si bien qu'on lui demanda gentiment de vouloir bien s'adresser ailleurs. Gallego refusa et se mit � injurier les P�res. Quand le Sup�rieur essaya de le calmer, il hurla: "Comment? Le P�re Te�filo est encore ici? Je vais donner l'ordre de vous fusiller tous".
Les actes confirm�rent partiellement ses paroles. Le m�me soir, vers neuf heures et demie, les communistes vinrent chercher le Sup�rieur, en voiture. Il eut a peine le temps d'�crire un mot � ses parents et � sa s�ur: "Adieu! Ne sois pas en peine pour moi. Je meurs pour mon Dieu et pour la paix de ma patrie. Adieu! " Te�filo fut emmen� en voiture, hors de la ville. La voiture s'arr�ta sur le chemin vers Valdemorille. Tous descendirent. Te�filo �tait tr�s calme. Il demanda et on lui laissa quelques instants pour prier. Il s'agenouilla et pria. Puis il se leva. Son visage �tait comme illumin�. Il s'�cria: "Mon Dieu! Pardonnez-leur, comme je leur pardonne". Deux coups de revolver l'abattirent, puis, au m�me lieu, trois autres pr�tres furent aussi assassin�s.
Cette nuit-l�, le Fr�re Casimir restait �veill�, dans son lit, � El Escorial. Il priait. Il vit, alors, Te�filo entrer dans sa chambre. Il avait le regard serein et il �tait aur�ol� de lumi�re. Il parcourut la chambre, sans rien dire, puis il disparut par l'autre porte. Quoi qu'il en soit de cette vision, il est certain que, pour Te�filo Fern�ndez et ses confr�res, leur mort �tait celle d'un martyr: la haine contre l'Eglise et la religion �tait consid�r�e comme la motivation principale de la mise � mort des pr�tres et des religieux, dans cette lutte sanglante, pour l'avenir de l'Espagne.
Si le P�re Isidro �tait aust�re pour lui-m�me, toutefois cela ne l'emp�chait pas d'�tre accueillant et charitable envers tous. Il a �t� professeur au s�minaire de Madrid o� il enseignait le Droit Canonique et la Th�ologie Morale. Au moment o� la guerre civil se d�clare, il rejoint El Escorial, et change son activit�. De professeur il devient infirmier. En effet, la maison s��tait transform�e en Centre de Soins et de Don du Sang.
Le 9 ao�t, il est enlev� et emmen� en camion � la Direction G�n�rale de la S�curit� de Madrid avec d�autres compagnons et religieux �tudiants. Apr�s avoir �t� remis en libert�, il se retrouve dans les rues de Madrid, alors qu'il n'y connaissait personne et n'avait que peu d�argent en poche.
Alors, il trouve refuge dans une pension. Il fut, pendant presque deux mois, ainsi enferm�. Il ne sortait presque pas, puisque ne connaissant pas la ville. Il d�dia son temps � prier et � faire ses pratiques religieuses. Et, rapidement, il voit son d�sir d��tre martyr se r�aliser.
En effet, le premier octobre, quelques miliciens se pr�sentent � la pension. Le P�re Isidro lui-m�me leurs ouvrit la porte. Ils l�interrog�rent: "Tu es cur�?" Le P�re Isidro ne le nia pas. Les miliciens le prirent donc avec deux autres religieux. Ils organis�rent ensuite un simulacre de proc�s et les condamn�rent parce qu�ils �taient pr�tres.
Profitant de l�obscurit� de la nuit, les miliciens les fusillent. Le corps du P�re Isidro est retrouv� au petit matin sur une route, dans l�est de Madrid. Son cadavre fut reconnu et il fut inhum� au Cimeti�re de Madrid. Il avait 35 ans. Isidro �tait n� � Legarda (Alaza), le 8 mars 1901. Il avait �t� ordonn� pr�tre le 28 mars 1925 et �tait Docteur en Droit Canonique, dipl�m� de La Gr�gorienne, l�Universit� Pontificale de Rome.
Gonzalo na�t le 20 octobre 1899, � Ollauri, dans le Logrono. Prof�s le 5 ao�t 1917, il ordonn� pr�tre le 17 mars 1923. Son z�le ardent lui donnait du temps et des forces pour tout. Il �tait l�ap�tre de l�Intronisation du Sacr�-C�ur et de l�Adoration Nocturne au Foyer en Espagne. En l�espace de 12 ans, il pr�che plus de 17.000 sermons, et arrive � r�unir 40.000 adorateurs nocturnes.
La guerre le surprit alors qu�il �tait dans sa maison et, il fut tr�s vite recherch�. En effet, il �tait tr�s connu � Madrid � cause de ses pr�dications au Cerro de los Angeles. Comme beaucoup d'autres, il devait changer de temps en temps d�endroits, pour �chapper aux miliciens. Gonzalo ne supportait pas d��tre enferm�, sachant qu�il y avait beaucoup de souffrances et que son aide spirituelle �tait n�cessaire.
A un moment, il se r�fugie � la l�gation du Honduras. Il sortait de temps � autre pour visiter des familles qu�il connaissait. Mais, dans une de ses sorties, il fut suivi dans les rues, jusqu'� ce qu�il fut entour� et finalement d�tenu. C��tait le 1er septembre 1936.
Originaire d'Orense o� il naqu�t le 16 novembre 1904, il entre dans la congr�gation et fait sa profession le 9 septembre de 1924. Ce n'�tait pas le premier � entrer dans la congr�gation. D�j� un de ses fr�res �tait pr�tre et une s�ur �tait devenue religieuse. Le 25 ao�t 1929, Eladio est ordonn� pr�tre, � El Escorial. Une fois ses �tudes termin�es, il est envoy� au Coll�ge de Madrid, comme professeur pour enfants. Plus tard, il exerce son minist�re � l��glise du Christ Roi, �glise contigu� au coll�ge. En f�vrier de 1936, il rejoint la Chartreuse "Aula Dei" de Saragosse. Mais il n'arrive pas � s'y adapter � cause de probl�mes de sant�. Il retourne donc � Madrid, et retrouve de nouveau la vie ordinaire du minist�re sacerdotale, montrant un grand amour pour le recueillement et la pri�re. Il avait une vie int�rieure et une pi�t� intenses.
En juillet 1936, quand la guerre civile �clate, il est oblig� d'abandonner le coll�ge. Il se r�fugie alors dans une pension, non sans avoir pris soin auparavant d'informer la propri�taire qu'il �tait pr�tre et qu�il �tait dispos� clairement � faire la sacrifice de sa vie, si le Seigneur le lui demandait. Celle-ci �tait une catholique pratiquante, mais elle avait une servante qui avait des id�es antireligieuses.
Sachant l��tat de vie sacerdotale du P�re Eladio, elle n�avait pas peur de lui exprimer sa haine antireligieuse en disant qu�il fallait tuer tous les pr�tres. Peu de temps apr�s, elle passe � l�acte. Elle le d�nonce. Les miliciens prirent la d�cision de l�arr�ter. C��tait le 7 ao�t 1936. Ils se pr�sent�rent � la pension en demandant de voir tous les pr�tres qui �taient pr�sents. Ils �taient trois. Et ils les embarqu�rent. Cependant, ils les laiss�rent finalement en libert�.
Le jour suivant, ils revinrent de nouveau. Quand ils arriv�rent dans sa chambre, Eladio reconnut qu�il n�avait pas de document, qu�il �tait pr�tre et qu�il pouvait faire de lui ce qu�ils voudraient. La nuit m�me, il fut condamn� � mort et fusill�. On retrouva son corps dans la matin�e du 8 ao�t 1936. Son corps sans vie fut reconnu � la morgue par son Sup�rieur Provincial. Il avait 32 ans.
Mario, n� le 30 avril 1910, est originaire de Lezaun, en Navarre. Il rentre dans la congr�gation et y fait profession le 15 ao�t 1929. Il suit des �tudes � l�Ecole Apostolique des Sacr�s-C�urs � Miranda de Ebro. Il disait de lui-m�me qu'il ne savait pas mentir. Il �tait doux et sinc�re.
Ordonn� pr�tre le 21 juillet 1935, il est envoy� au coll�ge de Madrid. Lors des pers�cutions, l'ann�e suivante, il doit se r�fugier � la pension "Maria Isabel", propri�t� de l'un de ses oncles. Dans la nuit du 13 au 14 ao�t 1936, il y fut d�tenu.
On lui fit un semblant de proc�s durant lequel il d�clara �tre religieux des Sacr�s-C�urs et pr�tre. La nuit suivante, il fut emmen� en dehors de Madrid et fusill�. Son cadavre fut trouv� le jour suivant, le visage d�figur� par les balles. Il fut reconnu par ses oncles et inhum� au Cimeti�re. Il avait 26 ans.