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Pere Honore Laval (1807-1880)

Ap�tre des Iles Gambier et de Mangareva

Louis-Jacques Laval est n� le 6 janvier 1807, dans le petit hameau du Joimpy, � Saint L�ger des Aub�es, en Eure et Loir. Nous ne savons pas grand chose de sa jeunesse ni de ses ann�es d'�tudes. Jeune homme, il arrive � Picpus � Paris. Il fait profession dans la Congr�gation des Sacr�s-C�urs de J�sus et de Marie (Picpus) le 30 d�cembre 1825, sous le nom de fr�re Honor�. Il reste � Picpus o� il poursuit ses �tudes de philosophie et de th�ologie, et, en 1831, il est ordonn� pr�tre � Rouen.

En 1833, la Congr�gation pour la Propagation de la Foi �largit le champ missionnaire de la Congr�gation des Sacr�s-C�urs en Oc�anie. Aux �les Hawa�, o� la Congr�gation est pr�sente depuis 1827, s'ajoutent les archipels des Gambier, des Marquises, de Tahiti, des Iles Sous le Vent, des Tuamotu, des Iles Cook et de l�Ile de P�ques. Monseigneur Etienne Rouchouze ss.cc, est nomm� Vicaire Apostolique de l'Oc�anie Orientale, le 14 juin 1833.

Les Picpuciens se chargent donc d'implanter l'Eglise Catholique en Oc�anie Orientale (les maristes se chargeront de la partie occidentale). C'est dans cette nouvelle donne missionnaire que le jeune Honor� Laval re�oit sa nouvelle ob�dience en novembre 1833. Il quitte la capitale avec ses compagnons de voyage, les P�res Fran�ois d'Assise Caret, Chrysostome Liausu et le Fr�re Colomban Murphy. Ils se rendent en diligence jusqu'� Bordeaux, via Tours et Poitiers, o� ils embarquent sur le "Sylphide", le 22 Janvier 1834.

Apr�s un bref s�jour � Valparaiso (Chili), o� ils laissent le P�re Liausu, les trois autres missionnaires reprennent la mer vers l'Archipel des Gambier, � bord de la go�lette p�ruvienne "La Peruviana". Le 7 ao�t 1834, ils arrivent � Akamaru, aux Iles Gambier�

█ Les Gambier: des �les et des hommes � d�couvrir

A 26 ans, Honor� Laval est un homme dou�. Il a le don d'�tre un excellent observateur et s'exprime admirablement. Pendant ses ann�es d'activit� � la mission des Gambier, de 1834 � 1871, il note tout ce qu'il lui arrive de saisir de la langue, de la culture et de l'histoire de ce peuple.

Dans un premier temps, la mission de Laval, avec le P�re Caret, consiste � �vang�liser, � soigner les malades, � �duquer, � composer des cantiques et � �crire une grammaire mangar�vienne. Au bout de quelques mois, les mangar�viens d�truisent leurs faux-dieux pour mieux manifester leur attachement au Christ.

Les p�res ne cessent d'aller d'une �le � l'autre. La premi�re �glise, construite en branchages, est celle de Aukena. Elle est d�di�e � Saint Rapha�l archange. Les constructions en dur se r�alisent apr�s, notamment gr�ce au Fr�re Gilbert Souli�, venu les rejoindre en mai 1835, avec Mgr. Etienne Rouchouze.

En janvier 1836, Honor� Laval �crit une lettre o� il parle de la mission:

''Nos insulaires se levaient autrefois vers trois heures du matin; ils mangeaient, se promenaient au frais, jusqu'� onze heures et se remettaient � dormir jusqu'� quatre heures du soir; ils se levaient alors pour d�ner et passaient la soir�e � courir �� et l�, jusqu'� minuit, pourvu que le clair de lune succ�d�t imm�diatement au jour. Lorsque cela n'avait pas lieu, ils dormaient de nouveau, apr�s avoir d�n�, jusqu'au lever de la lune.

C'�tait une vie purement animale. Aujourd'hui, ils se l�vent au point du jour, r�citent leurs pri�res, prennent leur popo�, assistent � la messe et � l'instruction, et se mettent au travail. La femme, aid�e de ses enfants, fabrique de la tappe pour les habits; le mari fait des plantations, pr�pare le tioho, va � la p�che, ou bien encore toute la famille se r�unit pour sarcler l'herbe qui croit au pied des arbres � pain.

On ne voit plus de nudit�s parmi eux: tout le monde se couvre avec soin. S'il arrive que quelques uns s'oublient encore -l'habitude �tant devenue chez eux une seconde nature,- � peine nous aper�oivent-ils, qu'ils courent � leurs v�tements, comme le soldat court � son arme, � la vue d'un officier. Nos exemples et nos conseils les ont, tout doucement, amen�s � l'amour de l'agriculture...Dans un enclos voisin de notre case, nous essayons d'acclimater les plantes les plus utiles de nos pays d'Europe: le lin, la pomme de terre, les choux, les haricots, les pois, les oignons, les radis, les navets, etc�

Je voudrais que tous ceux qui accusent la religion de tyrannie fussent t�moins de ce qui se passe ici. Ils comprendraient peut-�tre que le christianisme ne fait pas des esclaves et que cette d�f�rence de nos n�ophytes est l'effet naturel de l'amour filial, par lequel ils r�pondent � l'amour vraiment paternel que nous ressentons pour eux''.


L'action missionnaire aux Gambier porte ses fruits. Le roi Maputeoa se convertit et est baptis� en ao�t 1836.

Ayant accompli une partie sa t�che, en novembre 1836, Mgr. Etienne Rouchouze d�cide d'envoyer le P�re Honor� Laval � Tahiti pour y fonder une mission, accompagn� du P�re Caret et d'un fr�re. Sous l'influence des Anglais, des protestants �tablis depuis plus de 30 ans � Tahiti, et surtout celle pasteur Pritchard, la Reine Pomar� expulse les missionnaires catholiques qui retournent aux Gambier. Cette expulsion est � l'origine de l'intervention fran�aise en Polyn�sie. En 1838, le roi Louis Philippe envoie, � bord de "La V�nus", le Capitaine Dupetit-Thouars. La Reine demande le Protectorat � l'Angleterre. Devant un refus, en septembre 1842, elle accepte alors le protectorat fran�ais.

█ La mission des Gambier se consolide

Les Gambier re�oivent de nombreux visiteurs. En 1837, Armand Mauruc, un marin, propose au roi Gregorio Maputeoa un drapeau: Deux bandes blanches horizontales encadrent une bande bleue. Les �toiles bleues symbolisent les �les de l'Archipel des Gambier (Mangareva, Taravai, Aukena et Akamaru) et, l'�toile blanche, repr�sente l'�lot isol� de Temoe. Le bleu repr�sente l'immensit� de l'oc�an et, le blanc symbolise la puret� et l'�vang�lisation.

En 1838, une autre visite marque l'histoire des Gambier. C'est celle du d�couvreur de la V�nus de Milo: Jules Dumont d�Urville (1790-1842). Il vient � bord de "l'Astrolabe". Le c�l�bre navigateur avait classifi� les �les dans cette partie du monde. Dumont d�Urville loue l'action des p�res sur place. Il d�plore l'affaire de Tahiti et souhaite en informer les autorit�s fran�aises.

Suit une p�riode de consolidation et de maturation dans la mission. En 1841, Mgr. Etienne Rouchouze part pour l'Europe. Le p�re Cyprien Liausu prend alors la responsabilit� de la mission. Mgr. Rouchouze ne reviendra jamais� Lors de son retour, en 1843, son bateau, le "Marie-Joseph", affr�t� par la Congr�gation, sombre en mer avec 7 pr�tres, 7 fr�res convers et 10 religieuses. Cette perte fut cruelle pour la mission en Oc�anie. Cependant, la Congr�gation des Sacr�s-C�urs continuera d'envoyer des missionnaires.

A la demande explicite des autorit�s indig�nes, en 1844, les iles Gambier sont plac�es sous protectorat fran�ais,. Mais ce protectorat ne fut jamais ratifi� par le gouvernement fran�ais. La m�me ann�e, le P�re Caret ss.cc d�c�de.

Honor� Laval doit quitter une deuxi�me fois ses chers mangar�viens, en avril 1848. L'�v�que, Mgr. Jaussen, l'envoie aux Tuamotu o� il enregistre un r�el succ�s. Il �uvre dans l'�le pendant trois ans. En 1851, Laval revient aux Gambier.

█ 1855: Honor� Laval, sup�rieur de la mission des Gambier

Apr�s le d�part de Liausu en 1855, Honor� Laval re�oit la charge des Gambier. Il poursuit l'�uvre missionnaire entreprise. En juin 1857, le roi Maputeoa meurt. Une p�riode difficile commence.

Les jeunes de l'Archipel partent. Les �les se d�peuplent petit � petit (maladies). Des bateaux de n�griers apparaissent � partir de 1862, et la nacre attire les commer�ants...

Honor� Laval qui est sup�rieur de la mission, tout comme son pr�d�cesseur Liausu, est � ce titre consid�r� comme le repr�sentant officiel de la France. Il est le d�l�gu� du gouverneur, ce qui ne va pas sans causer quelques probl�mes.

Pour beaucoup, Laval est vu comme le chef de ce petit royaume. A la fois "Consul" et Missionnaire, censeur et conseiller, ma�tre et juge de paix, presque tout passe par lui. Il est celui qui instaure une "th�ocratie missionnaire," bas�e sur le lien affectif. Il est s�v�re pour ses fid�les, et, r�gle ses affaires d'une main ferme.

Or, il prot�ge la foi et la morale des mangar�viens contre les maux apport�s par l'Occident (alcool, argent�) et contre les man�uvres int�ress�es et trop faciles, par lesquelles les fonctionnaires coloniaux, les marchands et les aventuriers, cherchent � tirer profit du peuple mangar�vien.

Un conflit �clate entre un commer�ant fran�ais, Jean Pignon, et le tribunal local de Mangareva. M. de la Ronci�re, gouverneur � Tahiti depuis 1864, souhaite faire rentrer l�amende inflig�e � la r�gente Maria-Eutokia Toaputeitou, coupable d�avoir ruin� Jean Pignon en l�expropriant et en d�molissant la cabane de d�p�t construite par ce dernier sur la propri�t� d�un mangar�vien. Pour cela, le gouverneur installe un R�sident aux Gambier, avec une vingtaine de militaires. Le litige devient un pr�texte pour renforcer la puissance fran�aise dans l'archipel et limiter l'influence de Laval et de la mission.

Les missionnaires se trouvent ainsi pratiquement en �tat de si�ge. Aussi, Monseigneur Jaussen propose de payer l'amende inflig�e � Jean Pignon � condition que les soldats se retirent. Ce qui fut fait. Le calme est r�tabli.

D�but 1870, le Prince R�gent de Mangareva prie le gouvernement fran�ais de mettre un terme au protectorat. Cette requ�te tombait fort mal aupr�s du gouvernement qui s'occupait justement d'�tendre les points strat�giques fran�ais dans le Pacifique. A Paris, on soup�onne l'influence de Laval, et le Pouvoir demande alors au Commandant de la Motte-Rouge de faire un rapport. Celui tire, en mars 1871, cette conclusion au sujet du P�re Honor� Laval: "Apr�s tout ce que j'ai dit du P�re Laval, il est bien �vident qu'� mes yeux, il est n�cessaire de lui faire quitter ce pays, et, le plus t�t sera le mieux. Esprit dominant, caract�re emport�, d�vou� sinc�rement � la religion, qu'il confond un peu avec son Ordre et avec ses propres id�es, isol� du monde depuis 35 ans et entra�n� par des id�es religieuses exag�r�es, cet homme veut, � tout prix, 'sauver des �mes' et, pour cela, tous les moyens sont bons."

Monseigneur Jaussen souhaite apaiser les choses. Il d�cide du d�part du Sup�rieur de la mission�

█ 1871: Honor� Laval quitte les �les Gambier

Le P�re Honor� Laval quitte la "Montagne Flottante" (Mangareva) le 4 avril 1871. Il arrive � Papeete le 23 avril 1871. Mgr. Jaussen lui maintient son titre de provicaire, auquel s'ajoute bient�t celui de vice-provincial.

Il y termine ses M�moires par ces lignes: ''Monseigneur, pour apaiser cette temp�te, m'�crivit, au mois de mars 1871, de me rendre � Tahiti, o� je continuerais d'�tre son Provicaire, tout le temps que j'y resterais. Mais, que je m'y suis d�ment ennuy�! Est-ce donc l� ma r�compense de 36 ans de mission? Cependant, Laval allait revoir une derni�re fois les �les Gambier, en juillet 1876, lors d'un jubil�. Sa visite a �t� l'occasion d'une grande d�monstration d'estime et de reconnaissance envers lui.

Les derni�res ann�es du P�re Laval furent solitaires. Cette solitude s'est accrue par une surdit�, qui ne faisait qu'empirer. ''Je ne puis plus pr�cher, plus confesser, plus profiter de la conversation des autres".

Le P�re Honor� Laval meurt le 1er novembre 1880, et son corps repose au cimeti�re de la mission catholique � Papeete.

La cur� de sa paroisse natale, � Saint L�ger, fit �riger une croix de fer, avec l'inscription: ''A la m�moire de Louis Laval, pr�tre, missionnaire, n� � Joimpy (hameau de Saint L�ger) en 1807. Anim� d'une foi ardente, il quitta sa patrie en 1833, �vang�lisa pendant 46 ans les peuplades sauvages des Iles Gambier et de l'archipel des Tuamotu (Oc�anie) et mourut d'�puisement � Tahiti en 1880. Ap�tre z�l�, priez pour nous''.



█ "La mission aux �les Gambier"
█ Par Andr� Mark ss.cc,
Ancien archiviste g�n�ral de la Congr�gation



█ Honor� Laval: un ethnographe moderne

Le P�re Patrick O'Reilly (-1988), mariste et oc�aniste, dans son livre "Tahitiens" (1962), r�dige une notice biographique du P�re Honor� Laval, un personnage souvent controvers� et critiqu� aujourd'hui encore. Il y souligne le legs important de l'Ap�tre de Mangareva:

"Outre une abondante correspondance, en partie publi�e, le P�re Laval laissait derri�re lui, en mourant, d'importants manuscrits: "M�moires pour servir � l'histoire de Mangareva. 1. Ere pa�enne 2. Ere chr�tienne, 1834-1871". La premi�re partie du manuscrit a �t� publi�e en 1936 par les soins du R.P. Desmedt, et du Bishop Museum d'Honolulu, avec des notes d'Alfred M�traux sous le titre "Mangareva. Histoire ancienne d'un peuple polyn�sien". La seconde a �t� publi�e sous le titre "M�moires pour servir � l'histoire de Mangareva, �re chr�tienne, 1834-1871", par C.W.Newbury et P.O'Reilly (Publications de la Soci�t� des Oc�anistes, N� 15, Mus�e de l'Homme, Paris 1968).

L'amiti� profonde qu'avait Laval pour les gens des Gambier, se manifeste d'une mani�re �clatante par l'int�r�t pris par lui � leur histoire et � leur pass�. Mille et une fois, le P�re Laval a entendu les r�cits et les chants antiques; il les a fait expliquer par les anciens pr�tres et les savants; il les a confront�s pour d�gager des fantaisies individuelles la chronique traditionnelle, celle-ci toute envelopp�e d'une gangue de l�gende � laquelle il pr�f�ra ne pas toucher; justement persuad� qu'il conserverait un plus riche fonds historique en transcrivant les r�cits l�gendaires qu'en essayant de les diss�quer par des interpr�tations critiques.

Le P�re Laval a donc not� ce qu'il entendait du pass� de Mangareva avec le souci du mot exact... Il fit �crire des indig�nes lorsqu'il leur eut appris l'�criture. Ainsi ses descriptions de c�r�monies religieuses, ses textes mythologiques, son histoire des anciens ne sont pas de simples notes prises sous la dict�e des indig�nes ou des souvenirs personnels, ce sont des traductions de manuscrits, �crits par les indig�nes eux-m�mes, sur la demande du P�re Laval. Nous n'y trouvons pas le point de vue d'un Europ�en, mais l'image m�me que les indig�nes se faisaient de leur propre culture." (Et il n'a mis la derni�re main � son texte qu'apr�s plus de trente ans de s�jour � Mangareva).

L'incomparable talent du P�re Laval comme ethnographe, ses dons d'observation, son exactitude, sa minutie, son intelligence de l'�me indig�ne ont �t� unanimement lou�s. Laval est devenu un des classiques de la litt�rature ethnographique moderne: "Il �gale et surpasse m�me les �uvres pourtant classiques que les missionnaires anglais tels que John Williams, William Ellis, le commer�ant Moerenhout ont consacr� aux �les de la Soci�t�.

Le P�re Laval a encore laiss� un "Essai de grammaire mangar�vienne r�dig� durant les ann�es 1844, 1845 et 1846", essai de 345 pages, demeur� manuscrit, et conserv� aux archives de la Maison G�nr�rale � Rome. En 1868, on a imprim� de lui: "E Katekimo Katorika no Magareva".

On trouvera des lettres du P�re Laval dans les "Anales de la Propagation de la Foi", les "Missions Catholiques", les "Annales des Sacr�s-C�urs". De 1894 � 1898, le P�re Ildefonse Alazard ss.cc publie une histoire de la mission � partir d'un manuscrit historique d'Honor� Laval: "Un nouveau Paraguay ou les �les Gambier"."



█ Biographie du P�re Honor� LAVAL ss.cc, Ap�tre des Gambier

█ SOURCES
P. O'Reilly, notice biographique in "Tahitiens" (1962)

P. Cor Rademaker ss.cc, in "Appel�s � Servir" (1994)


█ A LIRE
P�re Mouly, "Cannibales � genoux", (Tolra, 1938; Aubin, Ligug�, 1946)

P�re Mouly, "De la guillotine aux �les du Pacifique: le P.Coudrin", (Tolra, Paris 1939)

P�re Mouly, "Un miracle sur les coraux du Pacifique", (Chaptal, Mende 1946)

Jean-Paul Delbos, "La mission du bout du monde", (Les �ditions de Tahiti, 2002)

Minist�re Polyn�sien de la Culture: www.culture.gov.pf

Page d�di�e aux Iles Gambiers dans wikipedia

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