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Frere Eugene Eyraud (1820-1868)

Ap�tre de l'�le de P�ques

Un des plus merveilleux �pisodes de notre histoire missionnaire est bien l'�vang�lisation de Rapa Nui, d�couvert le jour de P�ques 1722 par l'amiral hollandais Roggeveen, premier europ�en � visiter l'�le de P�ques. La Congr�gation des Sacr�s-C�urs (Picpus) d�cida d'y envoyer des missionnaires en 1863. L'un d'entre eux fut le Fr�re Eug�ne Eyraud, que nous pouvons appeler, sans crainte d'exag�ration, l'Ap�tre de l'�le de P�ques.

Eug�ne naquit le 5 f�vrier 1820 � Saint Bonnet, un petit village de la vall�e du Champsaur, dans les Alpes Fran�aises. L'�cole termin�e, il alla � Blois, chez son fr�re a�n�, Joseph, pour y apprendre un m�tier. Il devint un ajusteur et un serrurier tr�s adroit.


Eug�ne rejoint l'Am�rique du Sud pour travailler

Un beau jour, un fabricant de Buenos Aires lui demanda de l'accompagner en Argentine, pour y occuper un poste important dans son entreprise. Eug�ne accepta l'invitation. Arriv� en Argentine, il d�couvrit que la guerre avait an�anti tous ses projets. Gagnant difficilement sa vie, il se rendit au Chili, o� il commen�a, � Copiapo, une petite entreprise, qui prosp�ra bient�t.

Lorsque son fr�re Jean fut ordonn� pr�tre, en juin 1847 et partait comme missionnaire en Chine, Eug�ne lui offrit ses services; mais Jean, ne voyant aucune possibilit� d'accepter cette offre, Eug�ne dut se contenter de poser de solides bases financi�res, pour l'�uvre missionnaire de son fr�re. Le d�sir de devenir lui-m�me missionnaire ne le quittait pas pour autant.


La vocation religieuse d'Eug�ne Eyraud

Or, voici ce qui arriva un jour: ce qu'Eug�ne lui-m�me raconte en ces termes: "Un jour, j'�tais au travail, dans mon atelier, lorsque pass�rent deux religieux. J'avais le senti ment que c'�taient des compatriotes et je criai: 'Entrez, messieurs, entrez'. A ma grande surprise, ils accept�rent, et je me trouvai, d'une fa�on inattendue, devant deux pr�tres fran�ais de la Congr�gation des Sacr�s-C�urs".

Eug�ne se lia d'amiti� avec les P�res et, en 1862, il entra au noviciat de la Congr�gation � Valparaiso. Ce fut tout, sauf un noviciat paisible. Sa m�re �tant tomb�e s�rieusement malade, Eug�ne eut la permission de tenir sa promesse et d'aller visiter sa m�re. Arriv� en France, il apprit qu'elle �tait d�c�d�e. Eug�ne resta quelques mois au pays, puis, il repartit pour Valparaiso, afin d'y continuer son noviciat.


La mission "Rapa Nui": Premi�re p�riode

A ce moment-l�, la Congr�gation d�cida d'envoyer quelques P�res � Rapa Nui et Eug�ne demanda de pouvoir les accompagner. Il re�ut � nouveau l'autorisation d'interrompre son noviciat et il partit avec les P�res Montiton et Rigal. Or, diverses rumeurs circulaient au sujet de la situation des habitants de Rapa Nui, rumeurs d'incursions de pirates p�ruviens, �pid�mies diverses, etc... Il fut donc d�cid� que Eug�ne partirait seul, l�-bas, pour y prendre la temp�rature. Selon l'�tat des choses, on verrait plus tard, s'il valait la peine de commencer une mission � Rapa Nui.

Eug�ne partit donc tout seul pour l'Ile de P�ques, o� il d�barqua d�but janvier 1864. Rest� seul blanc, au milieu d'indig�nes primitifs et pillards, Eug�ne devait commencer aussit�t � d�fendre son maigre avoir. L'indig�ne Torometi consid�rait le Fr�re comme son esclave personnel. Un jour, Eug�ne lui avait pr�t� une hache, que Torometi employa aussit�t comme arme, pour forcer le missionnaire � lui ob�ir et lui ravir successivement tout ce qu'il poss�dait.

D'autre part, Torometi veillait � sa subsistance, de sorte que Eug�ne se trouvait plus libre pour ses le�ons �l�mentaires de cat�chisme. Ces le�ons fournissaient une distraction agr�able aux habitants de Rapa Nui. Comme ils ne travaillaient gu�re, ils se trouvaient presque tous les jours, assis devant la cabane du missionnaire et l'obligeaient � en sortir, par une pluie de pierres. Et lorsque le pauvre homme commen�ait � r�citer le cat�chisme et les pri�res, les auditeurs se couchaient pour dormir. S'il rentrait dans sa cabane, une nouvelle pluie de pierres le rappelait � l'ext�rieur. Quelques enfants r�ussirent � apprendre un peu de cat�chisme et quelques pri�res chr�tiennes. Eug�ne visitait aussi les malades et baptisait quelques mourants. Il avait m�me construit une toute petite chapelle, qui, malheureusement s'�croula comme un ch�teau de cartes, sous la premi�re forte pluie.

Les indig�nes devenaient cependant de plus en plus hostiles envers Eug�ne. Son "protecteur" Torometi avait d'ailleurs aussi beaucoup d'ennemis, et il commen�ait � craindre pour sa vie ; aussi partit-il pour un autre village. Mais Torometi et ses amis vinrent l'y rechercher. Comme le Fr�re se montrait r�calcitrant, ils l'emport�rent tout simplement avec eux. Peu de temps apr�s, Torometi fut puni de ses m�faits ; ses compagnons incendi�rent sa hutte et le Fr�re fut d�pouill� de tous ses v�tements, de sorte qu'il devait se promener sur l'Ile, drap� dans une couverture. Finalement, Eug�ne et Torometi d�cid�rent de s'enfuir. Alors, arriva un bateau avec un confr�re du missionnaire. Eug�ne y monta, port� par Torometi, qui cherchait � s'en d�barrasser � tout prix.


La mission "Rapa Nui": Deuxi�me p�riode

Et c'est ainsi que Eug�ne rentra � Valparaiso en octobre 1864, pour y continuer son noviciat. Le 6 mai 1865, Eug�ne fut admis � la profession et, � la fin l'ann�e, il repartit pour l'Ile de P�ques, avec le P�re Hippolyte Roussel. Ils y arriv�rent le 23 mai 1866. L'attitude des indig�nes fut de nouveau hostile, au point que les missionnaires se trouvaient assi�g�s dans leur cabane, comme dans un fortin. Mais peu � peu, les deux missionnaires commenc�rent � gagner la confiance des habitants. Eug�ne commen�a, avec leur aide, � agrandir le poste de la mission. Il construisit une petite chapelle. Il planta des orangers et am�nagea un potager. Pour alimenter en eau sa modeste culture, il chercha et trouva une bonne source. En novembre 1866, deux autres missionnaires vinrent se joindre � eux. A partir de ce moment-l�, la mission fit de r�els progr�s.

Apr�s une s�rieuse pr�paration, tous les habitants de Rapa Nui furent baptis�s entre f�vrier et la mi-ao�t 1868. Tandis qu'on baptisait les derniers cat�chum�nes, Eug�ne Eyraud agonisait sur son lit. Lorsque le P�re Gaspard revint pr�s de lui, apr�s la grande c�r�monie baptismale du vendredi 14 ao�t et lui eut communiqu� qu'il restait � baptiser seulement sept indig�nes, qui n'avaient pu venir � la c�r�monie, le malade put dire d'une voix faible: "Le d�sir de ma vie s'est r�alis�, maintenant, oui, je puis mourir en paix."

On pensait que le jour suivant, samedi 15 ao�t, on pourrait le porter sur une chaise jusqu'� la chapelle, pour participer � la messe solennelle de l'Assomption de Marie. Mais � sept heures de ce vendredi soir, le Fr�re Th�odule arriva � la chapelle, o� le P�re Gaspard administrait le bapt�me aux derniers n�ophytes, pour lui dire que le Fr�re Eug�ne avait perdu l'usage de la parole. Eug�ne le reconnut cependant, qui venait pr�s de lui et il re�ut les derniers sacrements en pleine connaissance. Pendant la nuit, il tomba dans un �tat de d�lire, qui se prolongea durant quatre jours. Le mardi 18, il eut un moment de lucidit�, et il en profita, pour demander: "Tous sont-ils baptis�s?" et, � la r�ponse affirmative, un dernier �clat de joie illumina son visage ext�nu� d'ap�tre, dont la vie s'�teignait. Le jour suivant, le mercredi 19 ao�t 1868, � onze heures du soir, le fondateur de la mission de Rapa Nui rendait son �me � Dieu.

La jeune communaut� chr�tienne, d'environ 1.800 catholiques, semblait promise � un bel avenir. Or, voici qu'en cette m�me ann�e 1868, un capitaine de vaisseau fran�ais vint s'�tablir � Rapa Nui. Il commen�a � exploiter le pays et ses habitants. Ceux-ci furent transport�s, pour une partie, � Tahiti, o� beaucoup vinrent � mourir. Toute la population de l'�le de P�ques v�cut sous la terreur du capitaine Bornier. Les missionnaires, qui intervenaient pour leurs fid�les, n'�taient gu�re m�nag�s. Il ne restait plus qu'� quitter l'�le. En 1873, le dernier missionnaire partit, avec environ 150 chr�tiens, pour Mangareva. Il en restait � peu pr�s autant � Rapa Nui.



Fr�re Eug�ne Eyraud (1820-1868)
Ap�tre de l'�le de P�ques


par le P�re Cor Rademaker, ss.cc
"Appel�s � servir" (1992)





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