Soeur Hermasie est n�e � Sombacour, dans le Jura, le 2 ao�t 1828 et a re�u au bapt�me le pr�nom de Marie Eug�nie. Famili�rement, elle �tait: Marie.
Elle appartient � une bonne famille catholique ; un gar�on devient pr�tre et Tha�s, la soeur a�n�e, entre dans la Congr�gation des Sacr�s-C�urs de J�sus et Marie (Picpus). Il est donc normal que Marie d�sire aller au Pensionnat des Sacr�s-Coeurs. La Verpilli�re est choisie et elle y devient une brillante �l�ve. Si bien qu'on l'envoie � Paris, pour t�moigner, devant une commission �largie, de la qualit� de l'enseignement prodigu� par les Soeurs. Marie esp�re profiter de cette occasion pour faire ses adieux � Tha�s, devenue Soeur Cyrilla, qui doit partir pour Hawa�. Les deux s�urs se manquent et la plus jeune ne se croit pas autoris�e � accepter l'offre de revoir son a�n�e au Havre. Elles ne se revoient donc plus, puisque le voilier "Marie-Joseph" ne parvient jamais � destination, suite � un naufrage en mer.
Marie Paget entre au noviciat le 25 mars 1843. Elle s'y montre une novice exemplaire, telle qu'on les appr�cie � cette �poque. Il se dit qu'elle re�oit la mission de se montrer particuli�rement aimable envers une coll�gue sp�cialement difficile qui n'est sympathique � personne. La novice Hermasie y r�ussit parfaitement, au point que la Ma�tresse commence � la soup�onner d'entretenir une amiti� particuli�re tant redout�e. Bien que parfaitement pr�par�e, la novice doit attendre jusqu'au 24 octobre 1848 pour faire sa Profession Religieuse.
Hermasie n'a pas une forte sant�, de sorte que les m�decins prescrivent un changement de climat. C'est la raison pour laquelle la jeune professe est envoy�e en Am�rique Latine. Elle part le 15 juillet 1849 avec quelques s�urs. Les voyageuses arrivent � Vaparaiso le 31 d�cembre 1849 et, apr�s quelques mois, Hermasie, accompagn�e de quelques soeurs, se rendent vers leur destination d�finitive: la nouvelle fondation de Lima, capitale du P�rou. Hermasie y est tout de suite charg�e de la direction de l'internat et lors du retour en France de la fondatrice, Cl�onisse Cormier, elle devient la sup�rieure de la maison de Bel�n. C'est le 8 octobre 1854. Elle a 26 ans! C'est, en fait, elle qui d�sormais va assumer l'�uvre missionnaire au P�rou jusqu'en 1890.
D�s le d�but de 1857, elle fonde � Ica, une seconde maison... puis en 1878, c'est Arequipa; auparavant, il y avait eu Riobamba, en Equateur, en 1873, et Guayaquil en 1874. En 1881, la Sup�rieure G�n�rale la charge de visiter toutes les maisons des S�urs en Am�rique latine. Le 1er septembre 1883, elle fonde une autre Communaut�, � La Paz, en Bolivie. Elle suit ainsi l'exemple de Cl�onisse Cormier et participe � la fondation de plusieurs provinces florissantes.
Hermasie a encore un autre champ d'action, � savoir : la participation des la�cs au but et � l'oeuvre de la Congr�gation. En 1870, elle �rige au P�rou, avec le P�re Donat Loir, l'Association des Sacr�s-C�urs et pour permettre aux �l�ves des �coles et des internats de se retrouver, m�me apr�s avoir quitt� l'institution, elle fonde l'Association des Filles des Sacr�s-Coeurs, en 1883, pour les grandes et les anciennes �l�ves des �coles de la Congr�gation.
La bonne renomm�e dont elle jouit � l'ext�rieur et les connaissances nou�es vont lui permettre, lors de la guerre entre le Chili et le P�rou, de mettre Bel�n sous la protection de la marine fran�aise et de jouer un r�le pr�pond�rant lors des tractations entam�es par le commandant de la flotte fran�aise pour sauver Lima. En 1924, en souvenir de cet �v�nement, une plaquette est inaugur�e, portant le texte suivant : "Hommage du Conseil Provincial de Lima � la R�v�rende M�re Hermasie Paget, Sup�rieure du Couvent des Sacr�s-Coeurs de Bel�n qui, par son influence aupr�s de l'Amiral Bergasse Dupetit-Thouars, contribua, en 1881, � sauver la ville de Lima."
Quelle personne �tait cette Hermasie Paget? Sans aucun doute, une femme exceptionnelle. Malgr� sa sant� fragile, elle doit lutter contre la maladie et est sujette � des fi�vres persistantes, et elle n'a pas peur du travail. Si les revers et les chagrins ne lui sont pas �pargn�s, elle sait n�anmoins rester une femme heureuse et joyeuse, si nous en croyons ses contemporains.
"J'estime, j'appr�cie, j'aime ma Congr�gation, non parce que j'en fais partie, mais pour son esprit, son but, ses �uvres... Adorer Notre Seigneur perp�tuellement, r�parer, consoler, faire conna�tre les Sacr�s-C�urs : quelle sublime vocation !" dit-elle elle-m�me dans ses souvenirs.
Comme Sup�rieure, elle se montre une vraie m�re pour les S�urs. Bon nombre de gens, jeunes ou vieux, tant � l'int�rieur qu'� l'ext�rieur de la Congr�gation, viennent lui demander conseil. Elle est intelligente. Charg�e, d�s son jeune �ge, de grandes responsabilit�s, elle a su d�velopper une connaissance lucide des personnes et des choses, de sorte qu'elle est � m�me de prendre des d�cisions, non seulement avec une certaine sagesse, mais aussi avec l'�nergie n�cessaire. Sans doute y a-t-il �galement un revers de la m�daille, mais aucun texte ne nous en r�v�le les ombres.
Ce qui est tout � fait certain, c'est que Hermasie Paget a beaucoup d'amis. Cela se manifeste � sa mort, sur venue le 2 novembre 1890, et lors de ses obs�ques. Les S�urs et les �l�ves ont beaucoup pri� pour elle durant sa derni�re et douloureuse maladie. Hermasie y r�pond laconiquement: "Les pri�res que vous faites pour moi me retiennent sur la terre; je vous serai, cependant, plus utile au ciel!"
Aujourd'hui encore son souvenir reste vivant en Am�rique Latine, qui lui doit beaucoup. C'est, en tout cas, ce qui se manifeste le 8 octobre 1986, quand les anciennes �l�ves du Coll�ge de Bel�n prennent l'initiative de faire �riger une statue � Hermasie Paget, dans un des parcs de Lima.
R�cit de l'hommage � Sr Hermasie Paget, en f�vrier 2010, � Lima avec l'�quipage de la Jeanne D'arc, � lire sur le site du Minist�re de la D�fense.
