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SAINT JOSEPH DAMIEN DE VEUSTER

Un g�ant d'humanit�

Le futur P�re Damien de Moloka�, Joseph de Veuster, na�t � Tremelo, un petit village proche de Louvain, le vendredi 3 janvier 1840. Il est le septi�me enfant d�une famille de huit. Ses parents, Frans De Veuster et Catherine Wouters, sont fermiers. Agriculteurs et commer�ants, ils poss�dent une ferme de quatre hectares.

La gaiet� et la gentillesse naturelle du petit Joseph en font le pr�f�r� de ses parents et l'ami de tous. A 13 ans, il arr�te l'�cole et rejoint ses a�n�s � la ferme. Il inspire confiance. Tr�s vite, son p�re destine "Dikke Jef" (le gros Jef) � prendre la t�te de l'exploitation familiale. Pour s�y pr�parer, il est envoy� � Braine-le-Comte, dans le Hainaut wallon, pour y apprendre le fran�ais et compl�ter sa formation g�n�rale. En 1858, il suit les cours de l�Ecole Moyenne.

Son bref s�jour � Braine va �tre d�terminant pour son avenir. C�est pour lui l'�poque d�un m�rissement humain et spirituel qui le conduit � r�pondre � l�appel de Dieu dans la vie consacr�. Le climat de l��cole et une mission pr�ch�e par des p�res R�demptoristes stimulent fortement ce cheminement. Quand il apprend la nouvelle de l'engagement religieux de sa s�ur, il �crit � ses parents: "Quelle bonheur pour elle, chers parents. Elle a eu le bonheur de mener � bonne fin l'�uvre la plus difficile que nous avons � faire ici-bas. J'esp�re, chers parents, que ce sera � moi, maintenant � suivre ma carri�re. Ne pourrais-je pas suivre votre fils Pamphile?"

Joseph d�cide de se consacrer � Dieu en entrant dans la Congr�gation des Sacr�s-Coeurs de J�sus et de Marie (Picpus). Son fr�re Pamphile l'y a pr�c�d�. Le 02 f�vrier 1859, il commence son noviciat � Louvain et il prend le nom de Damien. Il alors dix-neuf ans. Son bagage intellectuel trop l�ger et sa connaissance rudimentaire du fran�ais ne lui permettront pas de s'orienter vers le sacerdoce comme son fr�re. Il sera simplement fr�re de ch�ur. Qu'importe, l'essentiel pour Damien est de donner sa vie. Son int�r�t pour les �tudes, son esprit vif et curieux, son excellente m�moire, poussa ses sup�rieurs � le transf�rer dans la classe des novices futurs pr�tres.


DE LA BELGIQUE A HAWA�
En passant par Picpus � Paris

Damien de Veuster ne connaissait sans doute pas le projet que Dieu lui destinait, mais, c�est cette m�me ann�e que la l�pre fait son apparition aux �les Sandwich (Hawa�).

Avec un autre novice belge et un allemand, Damien prononce ses v�ux perp�tuels le 7 octobre 1860, en la chapelle de fr�res � Paris, rue de Picpus, entre les mains du Sup�rieur G�n�ral Euthyme Rouchouze. Au cours de la c�l�bration, il passe sous le drap mortuaire pendant que l'on entonne le psaume 50. La prostration sous le drap mortuaire avait pour but de rappeler aux nouveaux religieux la n�cessit� de "mourir avec le Christ, afin que, comme lui, ils ressuscitent � une nouvelle vie" (Rm 6,5-6). Damien fera r�f�rence � ce drap mortuaire, aux �tapes d�cisives de son existence.

Apr�s sa profession Damien reste � Picpus. Il y fera une ann�e philosophie. Ensuite, il rejoindra Louvain pour �tudier la th�ologie. Au cours de ces ann�es, il rencontrera Mgr. Etienne Jaussen, vicaire apostolique de Tahiti, en visite � Picpus et � Louvain. Il venait "chercher" des missionnaires. Damien s'interroge et �crit � ses parents: Ne seriez-vous pas contents que je fusse du nombre...? Il devra attendre.

En 1863, son fr�re Pamphile, r�cemment ordonn� pr�tre, tombe malade. Il devait partir pour la mission des �les Hawa�... Les pr�paratifs du voyage �tait d�j� faits. Alors, Damien force le destin. Il obtient du Sup�rieur G�n�ral la permission de prendre la place de son fr�re. Le temps presse maintenant, c'est le mois d'octobre. Damien fait ses adieux � sa famille et va accompagner sa m�re pour un dernier p�lerinage � Notre-Dame de Montaigu (Sherpenheuvel).

Le 23 octobre 1863, Joseph Damien de Veuster revient � Picpus. Avant de partir, il suit une retraite, pendant laquelle le Sup�rieur G�n�ral revient sur th�me de "l'Esprit de Sacrifice."

Damien embarque le 30 octobre 1863, non sans avoir pris soin avant de se faire prendre en photo o� il prend l'attitude de Saint Fran�ois-Xavier pr�sentant la Croix du Christ aux pa�ens. Il d�barque � Honolulu le 19 mars 1864. D�s son arriv�e, il se jette, corps et �me, dans la rude vie de missionnaire itin�rant sur l'�le d'Hawa�, la plus grande de l'archipel. C'est une soci�t� hawa�enne cosmopolite que Damien d�couvre. La mission catholique �tait dirig�e alors par Mgr. Maigret ss.cc, vicaire apostolique.

La formation de Damien n'�tait pas termin�e, pourtant, Mgr. Maigret acc�l�re le mouvement et l'ordonne sous-diacre le 26 mars 1864. Le 21 mai suivant, il est ordonn� pr�tre, dans la cath�drale d'Honolulu. Et sans plus tarder, Mgr. Maigret le d�signe pour prendre en charge le district de Puna sur la grande �le d'Hawa�.

A pied, � cheval, � dos de mulet, il court � la recherche de son troupeau dispers�. Bient�t tout le monde conna�t Matua Kamiano (P�re Damien en hawa�en): "Je les aime beaucoup, je donnerai volontiers ma vie pour eux, comme l'a fait notre divin Sauveur" confesse Damien.

Apr�s Puna, un an apr�s, il rejoint Koala, o� il lui faut plus d'un mois pour en faire le tour. Damien exercera son apostolat � Kohala pendant 8 ans. Pendant cette p�riode, Il y construit neuf �glises et doit faire attention pour ses paroissiens aux "tentations du calvinistes", aux "m�decins sorciers", � l'instabilit� des mariages, � l"'inconsistance g�n�rale" et � la "paresse g�n�rale".

Mais en fait, Damien est impressionn� par les protestants, et Damien attache de plus en plus d'importance � la tol�rance religieuse ainsi qu'� l'�uvre scolaire. Damien ne veut pas perdre un seul de ceux qui lui sont confi�s. Il voudrait �tre partout � la fois et s'investit �norm�ment. Pourtant, vers 1870, ses lettres laissent filtrer un brin de m�lancolie, peut-�tre un d�senchantement.


DAMIEN ET LA LEPROSERIE DE MOLOKAI
Un combat contre toutes les exclusions


Pour freiner la propagation de la l�pre le gouvernement d�cide, en 1866, de d�porter � Moloka�, une �le voisine, tous ceux et celles qui sont atteints de ce mal alors incurable. Les l�preux sont mis dans une sorte de prison naturelle. Une langue de terre entour�e par l'oc�an et s�par�e du reste de l'�le par une barri�re montagneuse infranchissable. En 1873, 797 l�preux avaient d�j� �t� "isol�s" et, sur le nombre, en sept ans, 311 �taient morts dans l'abandon presque total. 1873, c'est aussi cette ann�e l� o� le norv�gien Hansen d�couvre le bacille de la l�pre.

Le sort des l�preux pr�occupe toute la mission. L'�v�que, Mgr. Maigret ss.cc, en parle � ses pr�tres. Pour ne pas les exposer � un p�ril mortel, il ne veut y envoyer personne au nom de l'ob�issance. Les quatre plus jeunes missionnaires se pr�sentent: ils iront � tour de r�le visiter et assister les malheureux l�preux dans leur d�tresse.

Damien est le premier � partir. Il expliquera plus tard son choix dans une lettre: "Ayant d�j� pass� sous le drap mortuaire le jour de mes v�ux, je crus de mon devoir de m'offrir � Sa Grandeur, qui n'eut pas la cruaut� de commander un tel sacrifice"

Le samedi 10 mai 1873, son bateau accoste � Kalaupapa, sur l'�le Moloka�. Mgr. Maigret pr�sente le P�re Damien aux l�preux. La nouvelle fit les grands titres des journaux d'Hawa�. Ce soir du 10 mai, le P�re Damien n'a pour bagage que son br�viaire et son chapelet dort � l'abri d'un pandanus, � c�t� de l'�glise Sainte-Philom�ne. Alors que Damien devait passer deux � trois semaines � Kalawao, d�s le 12 mai, il �crit une lettre � son sup�rieur: "Il doit y avoir un pr�tre r�sidant dans ce poste... Vous connaissez ma disposition, je veux me sacrifier aux pauvres l�preux!" A sa demande et selon le d�sir des l�preux, il restera d�finitivement � Moloka�. Damien a 33 ans.

Pendant 16 ans, jusqu'� sa mort, Damien s'est enferm�, jusqu'� s'ensevelir, avec les l�preux de l'�le de Moloka�. Pour le missionnaire, c'est l'aboutissement d'un cheminement int�rieur.

D�vor�s vivants par une horrible maladie, sans perspective de gu�rison, abandonn�s des leurs, livr�s � eux-m�mes, ils �taient devenu une jungle o� les forts �crasaient les faibles. Le c�ur de Damien s'est �mu � la vue d'une telle d�tresse, il a rejoint ces d�sh�rit�s et s'est fait l'un d'entre eux: "Nous autres L�preux", disait-il dans ces pr�dications. Damien a �pous� au nom du Christ la cause des l�preux: "Je me fais l�preux avec les l�preux".

Chaque jour, il leur rend visite, les encourage par sa bonne humeur, leur procure des vivres, des v�tements chauds et des m�dicaments. Avec l'aide des plus valides, il construit des maisons, un orphelinat et une �glise. Il agrandit l'h�pital et le dote d'une installation pour les bains th�rapeutiques. Il encourage l'agriculture et, pour agr�menter les loisirs, il fonde une fanfare. Il se pr�occupe aussi des morts, � qui il procure des fun�railles d�centes. Pour les plus pauvres, il va m�me jusqu'� fabriquer des cercueils.

Il obtient une aide accrue du gouvernement pour am�nager une route et une conduite d'eau. Il fait venir d'Europe de l'aide mat�rielle. Par sa pr�sence et par son action, sa gaiet�, son sourire, un revirement se produit; l'ambiance de la l�proserie est transform�e: � la d�sesp�rance succ�de une �tonnante joie de vivre.

Tout compte fait, l'essentiel pour la l�proserie, c'est, �crit-il, "une grande bont� pour tous, une tendre charit� pour les n�cessiteux, une douce compassion pour les infirmes et les mes moribonds, avec une solide instruction � mes auditeurs". Toute l'action pastorale de Damien vise � redonner le go�t de vivre. Le Christ s'est fait proche des l�preux pour gu�rir leur corps et leur redonner go�t � la vie. Les "id�es noires" de Kohala sont d�sormais bien loin. Damien rend l'amour plus contagieux que la l�pre!

La charge pastorale de toute l'�le est difficile pour Damien. Ainsi, il demande de l'aide, un second. De plus, il ne pouvait se confesser que de temps en temps, en allant � Honolulu. Mgr. Maigret nomme le P�re Andr� Burgerman, un hollandais de 43 ans, mais qui aura la charge du reste de l'�le, pas celle de Kalawao. Damien aura un confesseur d�sormais, mais � une journ�e de marche...

Burgerman, qui s'�tait mis en t�te de quitter la Congr�gation, est rappel� par ses sup�rieurs � Honolulu. Apr�s un an et demi d'attente, en 1881, un normand de 56 ans, rejoint le p�re Damien: le P�re Albert Montiton (qui a pass� d�j� plus de 25 ans dans l'archipel des Tuamutu. Avec lui, il a apport� un harmonium qui fait la joie des l�preux. Montiton quitte l'�le en 1885. Damien est une nouvelle fois sans confesseur.

Le 17 mai 1888, arrive l'Abb� Conrardy, un pr�tre belge originaire de Li�ge qui a entendu parler de l'action de Damien alors qu'il �tait en mission dans les Rocheuses aux USA. Damien a d�sormais aupr�s de lui un pr�tre.

Quelques mois plus tard, le 14 novembre 1888, trois religieuses franciscaines de Syracuse prennent la direction de l'orphelinat pour jeunes filles � Kalaupapa: M�re Marianne Cope (b�atifi�e en 2005), s�ur Leopoldina Burns et s�ur Vincentia McCormick. Un pr�tre est d�sign� pour �tre leur aum�nier: le P�re Wendelin Moellers, un allemand de 38 ans.


L'OEUVRE DE DAMIEN SE PROPAGE DANS LE MONDE
En son temps, le P�re Damien �tait aussi c�l�bre que M�re Teresa

L'arriv�e de Damien � la l�proserie n'�tait pas pass�e inaper�ue � Honolulu, m�me au sein de la communaut� protestante. Damien recevra beaucoup d'aide de leur part et voit les dons priv�s affluer. Les S�urs des Sacr�s-C�urs, qui dirigent un coll�ge dans la capitale, soutiendront son action. En avril 1874, Damien recevra un donc important d'un Fran�ais. Sa pr�sence parmi les l�preux est donc connue � cette �poque-l�. En effet, on parle de lui tant dans les journaux que dans les �glises. Des sommes d'argent lui arrivent d'Europe et d'Am�rique. En 1884, la Reine Kapiolani, organise elle-m�me envoie de dons � Kalawao.

Le plus �tonnant et significatif dans cette aide, sont les gestes de solidarit� d'un pasteur anglican, le r�v�rend H. B. Chapman, recteur de la paroisse Saint Luc de Chamberwell, dans la banlieue de Londres. Il organise un envoi � "ce saint pr�tre". Il informe ses donateurs et ajoute: "toute discussion sur sa sublime charit� serait simplement une irr�v�rence". Chapman contribuera � faire conna�tre Damien de Moloka� dans toute l'Angleterre. Les lettres �chang�es entre les deux hommes t�moignent d'un grand respect. Ces �changes manifestent chez Damien un changement: "le protestant n'est plus un "concurrent" mais un fr�re dans la Foi qui essaie de vivre le m�me �vangile d'amour.

Des �crivains, des artistes et des m�decins se succ�deront � Moloka� pour rencontrer "Le P�re des L�preux". Ch. w. Stoddard passe en 1884, et �crit un livre sur les l�preux de Moloka�. Edward Clifford, peintre protestant anglais, y s�journe en 1888 pendant une quinzaine de jours. Il met � profit son temps pour peindre le P�re Damien. A son retour en Angleterre, il �crit un livre sur ce "h�ros".


L'EUCHARISTIE
Source de la charit� de Damien

La s�questration volontaire de ce pr�tre parmi les exclus est un signe de l'amour que Dieu leur porte. F�t-il demeur� muet, par sa pr�sence, par ce qu�il est, par ce qu'il fait, le P�re Damien est le t�moin d'un Dieu qui, en son fils J�sus, rejoint la souffrance humaine et brise l'isolement:

"Ils sont hideux � voir, c'est vrai, disait-il, mais ils ont une �me rachet�e au prix du sang du Sauveur. Lui aussi, dans sa divine charit�, consola les l�preux.
Si je ne puis les gu�rir, j'ai le moyen de les consoler. J'ai confiance que beaucoup, purifi�s de la l�pre de l'�me par les sacrements, seront dignes, un jour, du ciel."


Comme son sup�rieur en t�moigne: "Son c�ur s'est attendri � la vue de tant de mis�res � soulager, de tant de bien � faire � ces �mes qui, jusque dans des corps en pourriture, sont toujours � l'image de Dieu".

Dans cette pr�sence aupr�s des l�preux, Damien trouve sa joie: "Mon plus grand bonheur est de servir le Seigneur dans ses pauvres enfants malades, rejet�s par les autres hommes."

Ghandi, le fondateur de l'Inde moderne, se demandait � quelle source s'alimentait la charit� d�ploy�e par le P�re Damien: "L'Eglise compte parmi les siens des milliers d'hommes qui ont sacrifi� leur vie au service des l�preux. Il vaudrait la peine de rechercher � quelle source s'alimente un tel h�ro�sme".

De sa famille, Damien avait re�u une immense confiance dans la Providence: "Persuad� que le Bon Dieu ne me demande pas l�impossible, disait-il, je vais tout rondement en tout sans me troubler".

Il puise sa force dans l'Eucharistie pr�sence de Dieu au milieu des hommes: "L'Eucharistie est le signe le plus marqu� de l'amour de J�sus-Christ pour nous et la cause la plus efficace de son amour pour nous. Il nous en nourrit tous les jours afin que nos c�urs, comme un brasier d'amour, �chauffent les c�urs des fid�les. L'eucharistie est le pain des forts dont nous avons besoin pour voler aux emplois les plus rebutants et un rem�de contre le d�go�t d'un minist�re p�nible et souvent d�courageant," �crit-il en 1883.

Sans l'Eucharistie et sans l'adoration, Damien n'aurait jamais pu tenir: "C'est au pied de l'autel que nous trouvons la force n�cessaire dans notre isolement... Sans le Saint sacrement, une position telle que la mienne ne serait pas soutenable. Mais ayant notre Seigneur � mes c�t�s, eh bien je continue d��tre toujours gai et content."

C'est l� qu'il re�oit pour lui-m�me d'abord l'appui et l'encouragement, la consolation et l'espoir qu'il s'empresse de partager aux l�preux. Les fr�res et les s�urs de la Congr�gation des Sacr�s-C�urs, o� qu'ils soient et quelles que soient leurs occupations, au nom du peuple qu'ils servent, retrempent leur �nergie � cette source.

Pour Damien, l'adoration est vitale. Elle est la fine pointe de son identification au Christ et aux l�preux de Moloka�. Pour Damien, l'adoration est un lieu de conversion, o� le pauvre se retourne vers son Dieu, et ensuite retourner � son travail, le c�ur pacifi�. C'est de l� que Damien peut alors se dire "le missionnaire le plus heureux du monde".

Lorsqu�il se d�couvrira l�preux en 1884 et durant les quatre derni�res ann�es de sa vie, il vivra la gr�ce d�un ultime approfondissement spirituel. Il s�identifiera � Simon de Cyr�ne portant sa croix � la suite de J�sus jusqu�au sommet du calvaire.


DAMIEN DEVIENT LEPREUX
Et contribue � la recherche d'un rem�de

En janvier 1885, Damien a mal aux pieds. C'est en voulant soulager son mal avec un bain d'eau chaude �bouillant�. Il met son pied. Il ne sent rien. Sur sa peau, il a des cloques. Damien comprend qu'il est l�preux, mais il mettra plus d'un an avant de ne plus nier l'�vidence.

Cela ne le surprend pas. Il avait l'habitude de partager la pipe avec les l�preux, de manger du po� avec les doigts dans la calebasse commune, de panser les l�preux et de jouer insouciant avec les enfants malades. Le chemin de l'identification sur lequel il s'est engag� passe par l�. En fait, d�s 1876, Damien avait eu des petites t�ches s�ches� un traitement � l'infusion de salsepareille apaisait ces �ruptions cutan�es. En 1881, il souffrait parfois voilement au pied gauche.

Son diagnostique sera confirm� par le docteur Arning de Honolulu. La m�re de Damien, devinera � demi-mot dans les lettres de son fils que celui-ci est s�rieusement touch�. Mais elle apprend la v�rit� par les journaux. Le choc est fort pour elle. D�j� affaiblie � 83 ans, elle meurt le 6 ao�t 1886. La croix de Damien devient plus lourde.

Damien relie les �v�nements � un autre moment fondateur de son existence d'homme religieux: sa profession. "C'est bien par le souvenir d'avoir �t� couch� sous le drap mortuaire, il ya 25 ans, le jour de mes v�ux que j'ai brav� le danger de contacter cette terrible maladie en faisant mon devoir ici et t�chant de mourir de plus en plus � moi-m�me. Au fur et � mesure que la maladie avance, je me trouve content et heureux � Kalawao", �crit-il � son �v�que en 1885.

La l�pre de Damien devient un �v�nement mondial. La nouvelle se r�pand dans le monde. "Le p�re Damien, qu'on a appel� d�j� avec raison l'ap�tre des l�preux�, est tomb� victime de sa charit�."

En 1886, Damien vient � Honolulu, � l'h�pital des l�preux, pour essayer un nouveau traitement mis au point par le docteur japonais Goto. A son d�part, il se confesse aupr�s de l'�v�que. Le roi Kalakaua et le ministre Gibson viennent le saluer. Le 17 juillet, Damien regagne Kalawao.

La progression de la maladie n'arr�te pas l'activit� de Damien: il est pr�tre, m�decin, architecte et l�preux. Il continue et ne d�courage pas. Damien est sur tous les chantiers, m�me pour celui de l'�glise Sainte Philom�ne si ch�re � ses yeux, qu'il doit reconstruire en partie et agrandir, apr�s un ouragan.

Sans cesse revient sous sa plume la mention d'un "�trange bonheur:" je suis heureux et content.


15 AVRIL 1889
Damien meurt de la l�pre

La passion de Damien approche de son terme. Quelques semaines avant sa mort, l'objectif du photographe le saisit, comme tass� sur lui-m�me, broy� par la souffrance, au milieu des gar�ons de son orphelinat. A l'�vidence, la mort est en lui, mais tout autour, la vie �clate.

Pauvre, il gisait sur une paillasse pos�e par terre. Il avait re�u tant d�aum�nes, mais restait d�nu� de tout. Il n�avait ni draps, ni linge de rechange. Il fallut trouver un lit qu�on eu peine � lui faire accepter. Le p�re Windelin Moellers qui �tait sur place d�crit les derniers jours de la vie de Damien:

"Le 28 mars, le P�re Damien s�alitait d�finitivement. Il souffrait atrocement: sa maladie s��tait concentr�e dans sa bouche et dans sa gorge. Depuis le 28 mars, il n�a plus quitt� sa chambre. Ce jour-l�, il a arrang� ses affaires temporelles. Apr�s avoir sign� ses papiers, il me dit: "Que je suis content d�avoir tout donn� � Monseigneur; maintenant, je meurs pauvre, je n�ai plus rien � moi".

Le samedi 30 mars, il a fait sa pr�paration � la mort. C��tait vraiment �difiant de le voir; il paraissait si heureux. Lorsque j�eus entendu sa confession g�n�rale, je me confessais � lui; ensuite nous renouvel�mes ensemble les v�ux qui nous attachent � la Congr�gation".

Le 31 mars, Il re�ut le saint viatique. Dans la journ�e, �tait gai, joyeux comme d�habitude. ��Voyez-vous mes mains? dit-il, toutes mes plaies se ferment, la cro�te devient noire: c�est signe de mort vous le savez. Voyez �galement mes yeux: j�ai vu tant de l�preux mourants, je ne me trompe pas, la mort n�est pas loin. J�aurais beaucoup d�sir� voir encore une fois Monseigneur; mais le Bon Dieu m�appelle � c�l�brer les P�ques avec lui. Que Dieu en soit b�ni��. Il ne pensait plus qu�a se pr�parer � mourir. Il n�y avait plus � s�y m�prendre, on voyait que la mort approchait".

Le 2 avril, il re�ut l�extr�me-onction des mains du R.P�re Conrardy. ��Que Dieu est bon, me dit-t�il dans le courant de la journ�e, de m�avoir conserv� assez longtemps pour avoir deux pr�tres � c�t� de moi pour m�assister � mes derniers moments et puis, de savoir les bonnes s�urs de la Charit� � la l�proserie, c��tait l� mon Nunc dimittis. L�oeuvre des l�preux est assur�e, je ne suis donc plus n�cessaire, ainsi sous peu je m�en irai l�-haut��. Son attachement � la Congr�gation fut admirable. Que de fois il m�a dit: ��P�re, vous repr�sentez ici pour moi la Congr�gation, n�est-ce pas? Disons ensemble les pri�res de la Congr�gation. Qu�il est doux de mourir enfants des Sacr�s-C�urs��.

Samedi 13 avril, il �tait plus mal, et toute esp�rance de le conserver s��vanouit. Un peu apr�s minuit, il re�ut le Bon Dieu pour la derni�re fois; il devait bient�t le voir face � face. De temps � autre il perdait connaissance. Quand j�allai le voir, il me reconnut, me parla, et nous f�mes nos adieux, car je devais aller � Kalaupapa le lendemain, dimanche. Le lendemain, apr�s les offices, j�y suis retourn�, je trouvai le bon p�re assez fort, mais ses id�es n��taient plus bien claires. Je lisais dans ses yeux la r�signation, la joie, la satisfaction; mais ses l�vres ne pouvaient plus articuler les actes que son c�ur formait; de temps � autre il me serrait affectueusement la main."

Le 15 avril 1889, un lundi saint, il quitte cette terre pour, pour, selon son expression, "f�ter P�ques avec son sauveur". Il s��teignit doucement, avec "le sourire, comme un enfant qui s�endort". Il avait dit: Je meurs pauvre, je n�ai plus rien � moi". Apr�s avoir pass� pr�s de seize ans au milieu des horreurs de la L�pre. Le bon pasteur a donn� sa vie pour ses brebis". Le corps du P�re Damien est alors port� � l'�glise pour y �tre expos�.

Le lendemain a lieu la c�l�bration des fun�railles. Il reposera � l'endroit qu'il avait indiqu�, l�-m�me o� il avait pass� sa premi�re nuit, sous un pandanus� Les l�preux ont perdu leur p�re. Sur l'�le, plane un silence douloureux. Une croix de marbre noir, sur sa tombe, porte ces mots: "A la m�moire du P�re Damien de Veuster, mort martyr de la charit� pour les infortun�s l�preux".

Des services fun�bres sont c�l�br�s � sa m�moire � Honolulu, o� l'�v�que donne le titre "de H�ros et de Martyrs de la charit� chr�tienne"; � Louvain, o� participe sa famille, son fr�re Pamphile et un ministre.

Le quotidien "Times", au lendemain de sa mort, parle de l'ap�tre des l�preux de Moloka� en des termes �logieux: "Ce pr�tre catholique est devenu pour toute l'humanit� un ami. Son glorieux m�pris de sa propre vie, son interpr�tation courageuse de l'Evangile de son Ma�tre rendront sa m�moire �ternellement v�n�r�e. On peut g�mir de sa mort, on ne peut que louer, b�nir et remercier, en se sentant assur� que pour le P�re Damien, tout est maintenant bien � jamais".

Dans une lettre circulaire sp�ciale, dat�e du 3 juin 1889, le Sup�rieur G�n�ral de la Congr�gation, Marcellin Bousquet, annonce sa mort aux fr�res et aux s�urs. Il n'h�site pas � �crire: "Sa mort fut r�ellement digne de celle d'un enfant des Sacr�s-C�urs: c'�tait la mort d'un saint!"

En 1890, le po�te et romancier Robert Stevenson (1850-1894), auteur de "Docteur Jekyll et Mr. Hyde" et l'�le aux tr�sors", fait un passage � Moloka�, et recueille des t�moignages � propos du P�re Damien.

En 1895, Pamphile, le fr�re de Damien arrive � Moloka�. A peine deux ans plus tard, il doit abandonner son travail pour raison de sant�. Plusieurs p�res vont se succ�der, dont le P�re Paul Marie Juliotte, de 1901 � 1907, futur fondateur de la Paroisse Saint Gabriel � Paris et futur Pr�fet Apostolique de Ha�nan.


LE CORPS DU PERE DAMIEN
est transf�r� en Belgique

Cinquante ans apr�s sa mort, le 12 f�vrier 1935, le roi des Belges L�opold �crivait au pr�sident Roosevelt pour lui demander l'autorisation de transf�rer les restes du p�re Damien en Belgique. La d�pouille mortelle du P�re Damien de Veuster est ramen�e � sa terre natale, � bord du navire-�cole "Mercator," le 3 mai 1936. Son corps transport� triomphalement d'Anvers � Louvain, via Tremolo, son village natal.

Damien de Moloka� est inhum� dans l'�glise Saint-Antoine � Louvain. Elle appartient depuis 1860 aux P�res de Picpus. En plus de la d�votion � Saint Antoine, les P�res cr�ent une d�votion � Saint Joseph. En 1936, la d�pouille de Damien �tait ensevelie dans l'�glise. On profita, en 1960-1961, de la modernisation et de l'agrandissement de l'�glise pour am�nager une crypte dans laquelle Damien demeure.


LA CANONISATION DU PERE DAMIEN
Un long processus


Le 29 octobre 1936, la Congr�gation des Rites (Vatican) donne la permission d'entamer le Proc�s de B�atification au plan dioc�sain.

Le 31 janvier 1938 d�bute le premier proc�s en vue de sa b�atification � Malines, en Belgique.

En 1948, Raoul Follereau (1903-1977) visite Moloka�, "o� plane une paix �trange".

En 1954, Raoul Follereau, le "vagabond de la charit�," lance une "Journ�e de la l�pre", le dernier dimanche du mois de janvier.

En 1964, voit le jour "Action Damien," une organisation non-gouvernementale belge qui lutte contre la l�pre et la tuberculose.

En 1965, Damien est choisi pour repr�senter l�Etat d�Hawa� au Capitole, � Washington. La statue sera inaugur�e en 1969.

Le 17 janvier 1967, 32.864 l�preux signent une p�tition pour demander � Paul VI la b�atification de l�Ap�tre des L�preux. A la t�te de ce mouvement, interreligieux et �cum�nique, se trouve Raoul Follereau. La p�tition �tait appuy�e par 302 �v�ques.

Le 7 juillet 1977, Paul VI signe le D�cret sur "l'h�ro�cit� de ses vertus du serviteur de Dieu, Damien de Veuster".

En 1984, M�re Teresa de Calcutta �crit � Jean-Paul II pour plaider la cause de Damien: "Pour �tre en mesure de poursuivre ce beau travail d'amour pour la gu�rison des malades, nous avons besoin d'un saint qui nous guide et nous prot�ge. Le P�re Damien pourrait �tre ce saint".

1989: C�l�bration du centenaire de la mort du P�re Damien.

En septembre 1993, dans une lettre, Sr. Emmanuelle, la chiffonni�re du Caire, confesse que le P�re Damien est � l'origine de sa vocation aupr�s des plus pauvres.

En 1995, le Centre Damien de Veuster ouvre ses portes, situ� � c�t� de l'�glise o� repose Damien de Moloka�.

En le b�atifiant � Bruxelles, le 4 juin 1995, l'�glise propose le p�re Damien en exemple � tous ceux qui trouvent dans l'�vangile le sens de leur vie et qui veulent porter la Bonne Nouvelle aux plus pauvres de notre temps. Le Bienheureux Damien sera f�t� chaque ann�e le 10 mai.

Au sein de l��uvre Points-C�ur, na�t en 1995 la Fraternit� Moloka�.

En 2000, on tourne film sur sa vie: "Moloka� : L'histoire du P�re Damien", avec Derek Jacobi, Kris Kristofferson, Sam Neill, Tom Wilkinson, Peter O'Toole et David Wenham.

En mai 2005, Beno�t XVI b�atifie "La M�re des L�preux", Marianne Cope (1838-1818).

Le 1er d�cembre 2005, le P�re Damien est �lu comme le "Plus grand Belge dans l'Histoire".

Le 3 juillet 2008, Beno�t XVI autorise la promulgation du d�cret reconnaissant le miracle du Bienheureux Damien de Moloka�, ouvrant la voie � la Canonisation de l'Ap�tre des L�preux.

Le samedi 21 f�vrier, Beno�t XVI, lors d'un consistoire annonce la date de la canonisation du Bienheureux Joseph Damien de Veuster, Ap�tre des L�preux: le 11 octobre 2009.

Le 09 octobre, Barack Obama, Pr�sident des Etats-Unis, Prix Nobel de la Paix, envoie un message � l'occasion de la Canonisation.

Le dimanche 11 octobre, Beno�t XVI pr�side la C�l�bration de la Canonisation de Saint Joseph Damien de Veuster en la Basilique Saint Pierre, avec 4 autres saints: "En me r�f�rant au saint P�re Damien, je vous engage �galement � soutenir par votre pri�re et par vos �uvres les personnes engag�es avec g�n�rosit� dans la lutte contre la l�pre et contre les autres formes de l�pre due au manque d'amour par ignorance et l�chet�."




█ Biographie du P�re Damien de Veuster, ss.cc

█ Tir�e du livre "Petite Vie du P�re Damien", P�re Bernard Couronne, ss.cc, DDB (1994).
Ne pas copier le texte ni les images. Merci.
Photos: www.ssccpicpus.fr



█ Liens sur le web

Page sur Damien du site de Congr�gation des Sacr�s-C�urs � Rome

█ Pour tout savoir sur le P�re Damien: www.saintdamiendeveuster.com

Site du Centre Damien � Louvain

Article de Bernard Couronne, ss.cc, sur le site de Point Coeur

█ Site d�di� � la Bienheureuse Marianne Cope - en anglais

Encyclop�die en ligne Wikipedia

Blog sur Damien de Veuster en langue anglaise




Pour aller plus loin...

► Saint Joseph Damien de Veuster (Picpus)
Biographie de l'Ap�tre des L�preux de Moloka�

► D�claration des Sup�rieurs G�n�raux de la Congr�gation des Sacr�s-Coeurs
"Saint Damien de Veuster ss.cc, c'est la joie de toute l'Eglise..."

► Pi�ce de Th��tre
"Damien: un Saint en Enfer"

► Dossier de Presse



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