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CINEMA MUET

Frank Borzage, le po�te de l�amour fou

On ne louera jamais assez les petits �diteurs de DVD qui ont l�audace de proposer � l�achat des �uvres du patrimoine cin�matographique et qui mettent ainsi � la port�e du grand public des films m�connus ou, en tout cas, qu�il �tait difficile, voire quasi impossible, de voir jusqu�� pr�sent.

Que soient donc remerci�es les �ditions Carlotta qui mettent sur le march� un superbe coffret de trois films de Frank Borzage: "L�Heure supr�me", "L�Ange de la rue" et "Lucky Star" (on trouvera m�me, en bonus, un quatri�me film qui, malheureusement, ne nous est parvenu qu�� l��tat de fragments, "La Femme au corbeau". Ces films, en effet, datent des ann�es 1927-1929, autrement dit ce sont des films muets. Sachant cela, certains se d�courageront, persuad�s qu�on ne peut plus, de nos jours, regarder sans p�rir d�ennui des films si anciens, datant d�avant m�me le cin�ma parlant! Dommage pour eux! Ils se priveront du spectacle de chefs d��uvre intemporels, capables d��mouvoir le cin�phile de 2010 comme ils ont enthousiasm� les spectateurs des ann�es 1927-1929.

En 1927 donc, Borzage a d�j� tourn� plus d�une cinquantaine de films. Depuis quelques ann�es, il travaille � la Fox, quand il s�empare du genre m�lodramatique pour l��lever � un niveau de puret� inimaginable. On reste stup�fait, aujourd�hui encore, en voyant "L�Heure supr�me" et les deux films suivants: le g�nie de Borzage est tel que, par la force de sa mise en sc�ne, par le choix des acteurs, il �vite non seulement tous les pi�ges du m�lodrame, mais il fait de ses films de v�ritables joyaux. On retrouve, dans les trois films, le m�me couple d�acteurs, tout � fait prodigieux, Charles Farrell et Janet Gaynor.

Borzage ne s�int�resse qu�aux laiss�s-pour-compte de la soci�t�; chez lui, on ne trouve que des rejet�s, des improductifs, des parias, des saltimbanques. Ces �tres sont les jouets des vicissitudes du monde, ils exp�rimentent les pires tribulations, mais leur puret� de c�ur n�est pas atteinte et ils finissent par trouver le salut. Car ce qui sauve, chez Borzage, l�unique planche de salut, c�est l�amour. Lui seul permet de se prot�ger des hypocrisies et des corruptions, lui seul �l�ve, y compris au sens le plus litt�ral du terme. Dans "L�Heure supr�me", on passe graduellement des �gouts de la ville jusqu�� une mansarde situ�e au septi�me �tage d�un immeuble, autrement dit on s�approche du ciel et des �toiles. Quand Janet Gaynor d�couvre cette mansarde, elle s��crie: "C�est le paradis!"

L�amour, chez Borzage, n�est pas d�abord charnel, mais spirituel et m�me, pourrait-on dire, mystique. La communion spirituelle de ceux qui s�aiment est si forte que, d�une certaine mani�re, elle abolit la distance, quand les al�as de l�histoire provoquent une s�paration physique. Et, � la fin de "L�Ange de la rue", quand Charles Farrell et Janet Gaynor se retrouvent et unissent leurs destin�es, c�est dans une �glise et sous le regard d�une Madone. Les personnages de Borzage sont b�nis de Dieu.

De ce fait, l�amour est si fort qu�il peut d�placer des montagnes ou, si l�on pr�f�re, donner lieu � des miracles. Rien n�est impossible � celui qui aime, semble nous dire Borzage, et il nous le dit sans aucune mi�vrerie. Dans "Lucky Star", Charles Farrell est bless� � la guerre et se retrouve infirme, condamn� � ne se d�placer qu�en fauteuil roulant. Pourtant, � la fin du film, litt�ralement soulev� par l�amour, il parvient � se lever de son fauteuil et � marcher cahin-caha afin de rejoindre celle qu�il aime et qui risque de lui �tre enlev�e. Telle est la puissance de l�amour. Borzage est le seul cin�aste, � ma connaissance, avec Dreyer, � �tre capable de filmer une sc�ne de "miracle" sans tomber dans aucun exc�s. Avec lui, comme avec Dreyer, on y croit, on croit que le miracle est possible!

J�esp�re que petit aper�u suffira � convaincre les plus r�calcitrants que des films muets peuvent encore enthousiasmer le spectateur de 2010. "Au temps du cin�ma muet", comme chantait Jacques Brel, il y avait beaucoup d�artistes de g�nie: Charles Chaplin et Buster Keaton bien s�r, mais aussi Murnau, Griffith, Lubitsch, Borzage et bien d�autres encore�



Frank Borzage,
le po�te de l�amour fou.

par le p�re Luc Schweitzer, ss.cc

Les DVD sont par � Carlotta Films: www.carlottavod.com.





POETRY, un film de Lee Chang-dong

par Luc Schweitzer, ss.cc

>> Cin�aste sud-cor�en, Lee Chang-dong avait d�j� fait preuve d�un ind�niable talent pour la mise en sc�ne, en particulier, il y a quelques ann�es, avec "Secret Sunshine". Le voici de retour avec ce film qui a �t� r�compens� � Cannes d�un prix du sc�nario.

Mais ce qui est remarquable dans "Poetry" et qui en fait un tr�s grand film, ce n�est pas tant le sc�nario que la mise en sc�ne. Lee Chang-dong filme avec une infinie d�licatesse une histoire qui, chez d�autres cin�astes, aurait donn� quelque chose d�insupportablement larmoyant.

Ce qui int�resse Lee Chang-dong, c�est le parcours douloureux de gens simples : le personnage principal de "Poetry" est une femme de 65 ans, Mija, une femme digne et avenante, mais � qui l�on va diagnostiquer un d�but d�Alzheimer. Elle a la charge de son petit-fils, un adolescent fruste et �go�ste, que sa fille, partie vivre au loin, lui a confi�. Et, pour gagner sa vie, elle est contrainte de faire des m�nages et de procurer des soins � un vieillard h�mipl�gique.

Veut-elle mettre des couleurs dans sa vie un peu terne? Voici qu�ayant aper�u une affiche invitant � s�inscrire � un cours de po�sie, elle d�cide de s�y rendre, d�autant plus que, comme elle l�affirme, elle "aime les fleurs et dit parfois des choses bizarres". Las! Le po�te charg� d�enseigner son art � des novices ne d�bite que de pauvres banalit�s: sa premi�re recommandation est d�apprendre � regarder d�un regard neuf les choses les plus simples, une pomme par exemple� Puis il invite chaque �l�ve � r�diger un po�me qui sera r�cit� lors de son dernier cours.

Mija ne demande pas mieux que d��crire un po�me, mais c�est difficile, les mots se d�robent, et ce d�autant plus lorsqu�on est atteint par la maladie d�Alzheimer. Et puis comment faire de la po�sie quand surviennent des �v�nements douloureux, quand on est confront� � la bassesse et � la veulerie des hommes? Car Mija apprend soudainement que son petit-fils est impliqu� dans une affaire de viol collectif: avec des gar�ons de son �ge, il a abus� d�une jeune fille de sa classe qui, d�sesp�r�e, a fini par se suicider. Quant aux p�res des fautifs, ils n�ont qu�une id�e en t�te: �touffer le scandale, payer la m�re de la jeune suicid�e afin qu�elle ne porte pas plainte�

La po�sie n�a-t-elle pour objet que de magnifier les choses les plus simples: les fruits, les fleurs ou le gazouillis des petits oiseaux? Y a-t-il place pour la po�sie quand il s�agit de dire la souffrance et l�ignominie? Que fera Mija? R�digera-t-elle un po�me, comme on le lui a demand�? La fin du film, extraordinaire, apporte des r�ponses � ces questions. Avec soin, avec pr�cision, sans mi�vrerie aucune, Lee Chang-dong a film� au plus pr�s le parcours de cette femme et nous l�a rendu inoubliable.

Bande annonce du film � Source www.allocin�.fr




"POETRY",
un film de Lee Chang-dong
(Sud-Cor�en - 2009 - Sortie: 25/08/2010)

par le P�re Luc Schweitzer, ss.cc





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