Acc�dez � la m�diath�que de RESSOURCES
Musique: Thierry Escaich
A plusieurs reprises, il m�est arriv� d�entendre des amateurs de musique dite classique confesser leur d�sint�r�t, voire leur allergie, concernant les �uvres contemporaines. Peut-�tre trouvera-t-on un certain plaisir � �couter les compositions de Bartok, mais pas question d�explorer les univers musicaux de Stockhausen, Xenakis et autre Boulez!
Je ne me risquerai pas ici � un d�bat de sp�cialistes, mais force est de reconna�tre que beaucoup de compositeurs du XXe si�cle se sont fourvoy�s sur des chemins que seule une petite �lite de m�lomanes est capable de parcourir avec eux. On peut d�s lors se demander en effet quel est l�int�r�t de ces oeuvres musicales qui, de par leur nature, ne s�adressent qu�� quelques-uns.
Cela dit, il est temps, si ce n�est pas encore fait, de r�viser nos jugements � propos de la cr�ation musicale contemporaine. Car ont surgi, depuis au moins une trentaine d�ann�es maintenant, de nouveaux compositeurs qui ont entrepris, de diverses mani�res, de sortir la musique de l�impasse dans laquelle on l�avait �gar�e. Les chemins et les styles sont tr�s vari�s. Certains, comme l�estonien Arvo P�rt, ont commenc� par composer de la musique s�rielle, puis ont chang� radicalement de style. Plusieurs, comme les am�ricains John Adams ou Steve Reich, ont d�j� � leur actif un catalogue tr�s impressionnant.
La France n�est pas en reste, gr�ce notamment � Thierry Escaich. N� en 1965 � Nogent-sur-Marne, il est nomm�, apr�s un parcours brillant, professeur au Conservatoire sup�rieur de Paris (1992), puis titulaire du grand orgue de Saint-Etienne-du-Mont, toujours � Paris (1997). Son activit� de compositeur lui a d�j� valu de nombreux prix, tout � fait m�rit�s.
Son style est tr�s personnel, on ne peut le rattacher � un courant ou � une �cole. "Je ne me suis jamais demand�: dans quel style vais-je �crire?, explique-t-il. Je ne supporte pas ceux qui se fabriquent un style ou proc�dent � des exp�rimentations instrumentales. (�) On ne fabrique pas son univers : on l�a ou on ne l�a pas." On peut dire cependant que le chant gr�gorien figure au premier rang des sources d�inspiration de Thierry Escaich. Son oeuvre de compositeur comporte des pi�ces symphoniques, un oratorio, des pi�ces vocales, de la musique de chambre, des improvisations � l�orgue (sur des textes de Paul Claudel)�
N�h�sitons donc pas, si nous sommes amateurs de musique, � d�couvrir les oeuvres de ce compositeur d�aujourd�hui dont le langage s�adresse � un large public et non pas uniquement � une petite �lite de m�lomanes en mal de modernit�.
par Luc Schweitzer ss.cc, in "Horizons Blancs" n�195
Illustration: D�tail de la pochette de l'album de Thierry Escaich "Organ spectacular improvisations" Mai 2008
Po�tes et chansons
On attribue � Victor Hugo une phrase selon laquelle il "aurait interdit que l�on d�pos�t de la musique aux pieds de ses vers". Cette injonction, probablement apocryphe, n�a �videmment pas �t� respect�e, et ce du vivant m�me de l�auteur des "Chansons des rues et des bois".
Victor Hugo lui-m�me d�ailleurs donne � nombre de ses po�mes des titres qui �voquent la musique: complaintes, ballades, s�r�nades et chansons�
Rien d��tonnant, par cons�quent, s�il compte parmi les po�tes qui ont �t� le plus mis en musique et interpr�t�s en chansons.
Mais, dans ce domaine, le champion reste probablement Louis Aragon. Tout le monde conna�t les belles m�lodies de Jean Ferrat, mais il faut aussi et peut-�tre davantage saluer les interpr�tations de L�o Ferr�, sans compter celles de bien d�autres chanteurs talentueux comme Marc Ogeret ou Monique Morelli. A ce sujet, l�opinion de Louis Aragon se situait aux antipodes de celle qu�on pr�te � Victor Hugo. Aragon consid�rait la mise en musique et l�interpr�tation de ses po�mes comme "une forme sup�rieure de la critique". Sa lib�ralit�, mais aussi son int�r�t pour la chanson, �taient si grands qu�il �tait pr�t, en toutes circonstances, � apporter son soutien aux interpr�tes de ses po�mes.
Que faut-il donc penser de la mise en musique de la po�sie? Disons les choses le plus simplement possible. D�une part, la po�sie peut fort bien se passer de musique et d�interpr�tations chant�es, puisque, lorsqu�elle m�rite son nom de po�sie, elle est elle-m�me musique: elle porte en elle sa propre musique. D�autre part, puisqu�elle est musique, elle appelle en quelque sorte l�interpr�tation chant�e et, de ce fait, on ne peut qu��tre d�accord avec l�opinion �mise par Aragon. Enfin, on ne peut que se r�jouir � l�id�e que, pour nombre d�auditeurs qui n�auraient peut-�tre jamais �t� tent�s d�ouvrir un livre de po�sies, c�est parce que des po�mes ont �t� m�tamorphos�s en chansons qu�ils peuvent ainsi les entendre et les appr�cier.
Or il existe, aux �ditions EPM, une belle collection de cd qui s�est sp�cialis�e dans ce genre de la po�sie chant�e: elle s�appelle "Po�tes et chansons" et est riche d�j� de pr�s d�une cinquantaine de titres. On y retrouvera bien s�r Victor Hugo et Louis Aragon, mais aussi Apollinaire, Cocteau, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Nerval, Supervielle, Desnos, Eluard et bien d�autres encore� Tous ces po�tes sont chant�s par de nombreux artistes et interpr�tes, trop nombreux pour pouvoir les citer. Amis qui aimez la po�sie et la chanson, n�h�sitez pas! Et, peut-�tre, apr�s avoir �cout� des po�mes chant�s, aurez-vous la bonne id�e d�ouvrir un livre de po�sies et d�en lire�
par Luc Schweitzer, ss.cc
|