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Les chretiens persecutes en inde
Billet du P�re G�n�ral, Javier �lvarez-Ossorio ss.cc.
Je d�croche le t�l�phone pour appeler en Inde. Me r�pond une voix alarm�e. Je dois l'avoir r�veill�. L�-bas, c'est le milieu de la nuit. Une nuit pleine de sursauts.
Les bandes fondamentalistes hindoues depuis une paire de jours s�ment la terreur dans le secteur d'Orissa, comme il y a quelques mois. Ils ont assassin� un de leurs chefs et, comme N�ron lors de l'incendie de Rome, rejettent la faute sur les chr�tiens, qu'ils ont comme ennemis jur�s.
Comment allez-vous? "Pour le moment encore, nous sommes plus ou moins tranquilles. Nous nous avons �t� enferm�s dans nos maisons. Un groupe de d'exalt�s s'est pr�sent� chez les s�urs, mais les voisins les ont d�fendues�"
Ils ont sauvagement tu�, br�l� des gens vivants, et viol� quelques religieuses. Ils ont d�truit des dizaines d'�glises, des centaines de logements, des centres sociaux, des dispensaires, des �coles� "Notre p�ch� est d'aider les pauvres", clame l'�v�que. "Ils ne nous pardonneront jamais de soigner et d'enseigner aux d�sh�rit�s, aux sans-caste".
Il s'agit de nationalistes radicaux qui ont toujours vu le christianisme comme une invasion occidentale et une menace � leur int�grit� et � leur ind�pendance. Avant, l'ennemi �tait le missionnaire �tranger. Maintenant, les chr�tiens qui souffrent des attaques sont des Indiens. Aux yeux de ces fondamentalistes, la conversion au christianisme est un crime de haute trahison. Il faut exterminer ceux qui renient. Il n'y pas de place au dialogue. Il n'y a pas de raisons ni de droits qui valent. Il s'agit seulement de d�truire et de raser. La haine visc�rale est aveugle, inhumaine, infernale. La frustration effr�n�e est assassine.
Les chr�tiens de diff�rentes confessions unissent leurs voix pour demander justice et protection au gouvernement. C'est le moins qu'ils peuvent demander � un syst�me qui se dit d�mocratique. Il faut se mobiliser. On envoie des lettres, on fait des manifestations�
Ils me disent qu'il y a des milliers de familles en fuite dans la for�t. Certains de nos fr�res et de s�urs ont des parents disparus. Je me rappelle les visages de nos jeunes candidats, que j'ai visit� il n'y a pas longtemps. En eux, se reproduit dramatiquement le dur printemps de l'�glise des martyrs.
Billet du mois d'octobre 2008
Le Caf�
L'avion d�collait tr�s t�t. J'avais tr�s envie de revenir. La semaine de r�unions m'avait �puis�. Il n'y avait pas eu d'affaires compliqu�es mais j'avais ressenti pas mal de tension.
Et c'est cela qui fatigue �norm�ment. Au lieu d'�tablir un dialogue pour chercher la meilleure solution, on en �tait arriv� parfois � un combat de coqs. On peut m�me se trouver devant des situations qui ne devraient pas se produire entre fr�res: m�fiance, commentaires agressifs, r�ponses am�res et blessantes. Nous fr�lons l'insulte. Comment cela se peut-il? Comme s'est triste!
Pablo avait �t� particuli�rement d�sagr�able � mon �gard. C'est comme si j'�tais son pire ennemi! J'ai d� souvent me mordre la langue pour ne pas avoir � r�pondre sur le m�me ton. Cela ne peut �tre. J'en avais vraiment assez�
J'ai quitt� ma chambre sur la pointe des pieds, ma valise � la main. Il �tait quatre heures du matin. Tout le monde dormait. J'entrai dans la cuisine pour grignoter quelque chose. C'est qu'ils ne servent plus rien dans les avions, faut le savoir. Je sentais une odeur de caf� frais. Pablo �tait l�, debout. Il m'attendait: "J'ai pens� qu'un bon caf� nous ferait du bien avant de partir pour l'a�roport!" Diable! Etait-ce le m�me Pablo qu'hier? Je l'en remerciai d'un sourire qui me sortait du c�ur. Ce caf� �tait plus �loquent que ce que Pablo aurait voulu me dire. "Du lait, s'il te pla�t. Et un peu de sucre". Le caf� me r�chauffait l'estomac et le c�ur. J'�tais pr�t. Nous nous f�mes une accolade "Adieu!".
Ceux qui connaissent Pablo savent combien il a lutt� contre lui-m�me toute sa vie. Il n'y a pas longtemps, il �tait encore tr�s agressif. Il a r�ussi � se lib�rer de l'alcool. Maintenant, il est m�me capable d'avoir une conversation aimable. Mais il est toujours sur ses gardes et parfois bourru. On dirait un ours bless�.
Ce n'est pas la premi�re fois que cela m'arrive. Je finis par montrer davantage d'affection pour les fr�res qui me sont plus difficiles. Sans-doute est-ce parce que j'y vois plus clairement nos frustrations, nos petitesses et ce d�sir ardent de r�demption qui nous d�vore int�rieurement. Dieu conna�t notre boue. C'est ainsi qu'il nous aime, qu'il nous accompagne et qu'il nous encourage.
Billet du mois de septembre 2008 photo: www.photo-libre.fr
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