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Premier dimanche de l'Avent

Chronologiquement, l'Avent est la p�riode de quatre semaines qui pr�c�de la c�l�bration de la Nativit� de J�sus. Ce temps n'est pas, si nous regardons son contenu chr�tien, uniquement un temps de "pr�paration � No�l".

Il vaudrait mieux de le d�crire comme le temps destin� � cultiver l'esp�rance en tant que cela est une condition inextirpable de l'existence chr�tienne.
C'est un temps tr�s riche, tr�s complexe, qui donne beaucoup � r�fl�chir et qui, dans sa liturgie, nous offre des textes bibliques tr�s beaux et saisissants.

Par disgr�ce, se pr�sentent � nous quelques obstacles in�luctables nous emp�chant ainsi de vivre pleinement ce temps et de lui donner toute sa saveur:
Except� les in�vitables pr�occupations inh�rentes pour les cadeaux et les v�ux, il y a le chevauchement de l'Avent avec le Mois de Marie (qui est le temps le plus marqu� dans la religiosit� au Chili); la fin de l'ann�e acad�mique surcharg�e (pour les professeurs et les �l�ves avec les examens et les �preuves d�cisives); la saturation publicitaire qui inonde les valeurs et les signes de la c�l�bration de No�l. Nous devons aussi veillez deux �cueils, celui de tomber dans le folklorique, d'une part, en vidant cette p�riode de son contenu proprement chr�tien, et, d'autre part, de noyer la g�n�rosit� et la solidarit� dans un consum�risme effr�n�.

Cela dit, je vous invite � r�fl�chir bri�vement sur l'esp�rance inh�rente � la foi chr�tienne... L'esp�rance a quelque chose � voir avec notre futur, �videmment. Mais, est-il possible d'esp�rer quelque chose du futur? Y-a-t-il un futur qui ne soit pas appel� � se convertir en pass�? Dans quelle mesure pouvons-nous constituer notre futur? Allons-nous, nous-m�mes, vers notre futur ou, est-ce notre futur qui vient � nous? Ces questions, et celles qui leurs ressemblent, ont toujours tourment� l'esprit des hommes. Elles constituent le socle o� �merge l'esp�rance chr�tienne avec sa particularit� sp�cifique. Le futur de cette esp�rance est situ� dans l'�ternit�, dans le temps de Dieu. Ce que nous esp�rons, c'est entrer dans la communion d�finitive avec Dieu dans laquelle l'existence n'est ni soumise � l'avenir, ni condamn�e � se convertir en pass�.

Notre foi au Dieu d'Amour nous invite � la communion �ternelle avec lui. Elle nous pousse � prendre des d�cisions qui nous conduisent � cette rencontre d�finitive. Mais, en m�me temps, elle nous fait reconna�tre ce Dieu qui vient � nos vies � travers les rencontres et les �v�nements impr�vus. Celles-ci deviennent alors beaucoup plus importantes pour la configuration de notre existence que les projets que nous tra�ons nous-m�mes. De plus, si nous n'avons pas avant quelques avant-go�ts, m�me anticip�s et partiels, du merveilleux qu'est la communion avec Dieu, cela nous deviendrait impossible d'esp�rer et de d�sirer ce futur de communion �ternelle avec Dieu. Nous ne pourrions pas chercher Dieu, si Dieu lui-m�me n'�tait pas venu � notre rencontre dans notre histoire.
Il nous est difficile de percevoir la richesse insondable qui s'est donn�e dans l'existence historique de J�sus. Cependant, nous pouvons synth�tiser notre esp�rance en "�tre toujours avec lui". Cette histoire, qui commen�a � partir de Bethl�em, nous pousse � esp�rer et � d�sirer la rencontre d�finitive avec lui, � ne mettre notre esp�rance qu'en lui seul.

L'esp�rance chr�tienne na�t uniquement de notre foi en ce Dieu qui nous aime, et ne peut se transmettre si elle n'est pas anim�e par l'amour de lui et par le d�sir de la communion �ternel avec lui. Une esp�rance sans d�sir n'est pas une esp�rance.

Au sujet des textes:
- Premi�re lecture: Is 2, 1-5

Isa�e souligne que la communion avec Dieu se traduit par la Paix universelle en d�passant le besoin et la recherche du pouvoir et de la domination, en franchissant les barri�res qui nous maintiennent s�par�s et distants.

- Deuxi�me lecture: Rm 13, 11-14

Saint Paul nous avertit que la "venue prochaine du Salut" (cf. la "venue du R�gne de Dieu" dans le message de J�sus) doit se voir dans la nature et le caract�re de nos �uvres avec transparence et coh�rence.

- Evangile: Mt 24, 37-44
J�sus met en valeur la "venue de Dieu". Celle-ci rev�t un caract�re de "Justice", une Justice qui est salvatrice pour ceux qui ont v�cu dans "l'esp�rance du Seigneur" et qui condamne ceux qui ont v�cu � la d�rive et sont pr�occup�s par des crit�res imm�diats, par rien de plus que de boire, manger et se marier.

Suggestions de Vie:

1) Vivre ouvert � ce "Dieu plus grand que soi", � son amour, � son futur, et aussi � sa justice. ("Accepter que notre condamnation soit le commencement de notre salut" S. Augustin).

2) Reconna�tre que la condition indispensable de l'esp�rance est de ne pas s'installer, la non-satisfaction de notre pr�sent, la conscience de pr�carit�, de limites, de ne pas vivre en pl�nitude.

3) Nous demander si nous avons vraiment faim et soif de Dieu. Dieu est pr�sent quand nous souffrons de son absence, quand nous sommes nostalgique de lui.

par Beltran Villegas ss.cc (Chili)
in "Esquemas para Homilias" Conf�rencia Episcopal de Chile (2005)

� Illustration: peinture de Berna Lopez.

www.evangile-et-peinture.org



Le Christ Roi, le Sacr�-Coeur et l'intronisation

Ce dimanche, 25 novembre, nous f�tons le "Christ Roi", avant d'entrer, dans le temps de l'Avent.
L'article qui suit, du P�re Bocquet ss.cc, �crit dans les ann�es soixante-dix, dans un langage de l'�poque, a le m�rite de nous donner � penser et � m�diter sur cette f�te. Il fait aussi le lien entre la figure du Christ Roi, le Sacr�-Coeur et l'Intronisation, l'oeuvre du P�re Mat�o:

Il y a une grande affinit� entre les deux f�tes du Sacr�-C�ur et du Christ-Roi. L'id�e de royaut� compl�te heureusement et, en un certain sens, redresse l'id�e que nous devons nous faire du Sacr�-Coeur. Tel est l'enseignement de la Bible, de la Liturgie, des Papes; telle est aussi la conclusion qui se d�gage de l'histoire et de la pratique de l'Intronisation.

Dans la Bible et dans la Liturgie

Quatre f�tes honorent la royaut� de J�sus et jalonnent pour ainsi dire, trimestre par trimestre, l'ann�e liturgique. A tour de r�le elles proposent � notre m�ditation les quatre titres de J�sus � la royaut� universelle.

L'Epiphanie nous rappelle qu'il est Roi par droit de naissance. "Il est, nous dit saint Paul, l'image du Dieu invisible, le premier-n� de toute cr�ature, car c'est en lui qu'ont �t� cr��es toutes choses dans les cieux et sur la terre. Il est avant toutes choses et tout existe en lui. Il est la t�te du corps, c'est-�-dire de l'Eglise." (Col 1,15). C'est pourquoi l'Ange Gabriel annonce � Marie que le Fils qu'elle enfantera sera grand. On l'appellera le Fils du Tr�s-Haut. Il r�gnera sur la maison de Jacob � jamais et son r�gne n'aura pas de fin (Lc 1,31).

Les Rameaux nous enseignent que J�sus est Roi par droit de conqu�te, car le Fils de l'Homme a donn� sa vie pour ran�on d'une multitude (Mc 10,25). Nous avons �t� rachet�s au prix fort (1Co 6,20), nous sommes ainsi devenus son bien, sa possession, son royaume. Aussi parce qu'il s'est fait ob�issant jusqu'� la mort et � la mort sur une croix, Dieu l'a-t-il exalt� et lui a-t-il donn� le Nom, qui est au-dessus de tout nom, pour que tout au Nom de J�sus s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de J�sus-Christ qu'il est Seigneur � la gloire de Dieu le P�re.

Le Sacr�-C�ur nous donne l'explication, la seule satisfaisante, de l'Incarnation et de la R�demption: Ayant aim� les siens, il les aima jusqu'� l'exc�s (Jn 13,1). En ceci s'est manifest� l'amour de Dieu pour nous: Dieu a envoy� son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. En ceci encore consiste son amour: Ce n'est pas nous qui avons aim� Dieu, mais c'est lui qui nous a aim�s et qui a envoy� son Fils en victime de propitiation pour nos p�ch�s. Et nous, nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru (Jn 4,9; 10,16). L'amour est de plus le lien puissant qui nous unit � lui et affermit son r�gne en nous. Saint Jean poursuit en effet: Dieu est amour: celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en Lui (Jn 4,16). Il est Roi par son C�ur.

La F�te du Christ-Roi qui nous presse de proclamer: Qu'il soit Roi par notre libre choix, est comme le r�sum� et le compl�ment des trois autres f�tes. Puisque le Christ poss�de de tels titres � la royaut�, comment lui refuser le seul titre que nous puissions lui offrir: �tre Roi par nos acclamations? Il pourrait nous imposer sa domination. Il ne le veut pas. Car sa royaut� est avant tout une royaut� d'amour et, sans libert�, l'amour n'existe pas. D'ailleurs de gr� ou de force, il faut se soumettre � son empire. Ceux qui refusent son amour n'�chappent pas � sa justice: au lieu du ciel, c'est l'enfer qui les attend.

L'office et la messe du Christ-Roi sont des chefs-d'�uvre et t�moignent contre ceux qui parfois affirment, � la l�g�re, que l'Eglise d'aujourd'hui a perdu le sens de la liturgie et de la beaut�. Au reste, en fait de textes sacr�s, il n'y avait que l'embarras du choix, tant la royaut� du Christ est une id�e qui domine la Bible.

Elle inspire les Psaumes: "C'est moi qui t'ai sacr� Roi sur Sion, ma sainte montagne. Demande et je te donne les nations pour h�ritage, pour domaine les extr�mit�s de la terre" (Ps 2). "Ouvrez-vous, portes �ternelles: qu'il entre le Roi de gloire ! Qui est ce Roi de gloire ? C'est lui, le Dieu des arm�es, c'est lui le roi de gloire" (Ps. 23). "Tous les peuples, battez des mains. Acclamez Dieu en �clats de joie. Il est roi par toute la terre. Sonnez pour Dieu de tout votre art. Dieu, il r�gne sur les pa�ens, il si�ge sur son tr�ne de saintet�" (Ps 46).

L'Apocalypse, le dernier livre de la Bible, chante le triomphe final du Christ sur les ennemis de Dieu. "J�sus-Christ est le t�moin fid�le, le premier-n� d'entre les morts, le Prince des rois de la terre. Il nous aime et nous a lav�s de nos p�ch�s par son sang. Il a fait de nous une royaut� de pr�tres pour son Dieu et P�re: � lui donc la gloire et la puissance pour les si�cles des si�cles" (Ap 1,5). "Car l'Agneau �gorg� est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la louange."

Ainsi l'ann�e liturgique, qui nous appara�t comme rythm�e � chaque saison par une f�te de la royaut� du Christ, se cl�t-elle magnifiquement par les deux F�tes du Christ-Roi et de la Toussaint, qui chantent le triomphe du Christ et de son oeuvre. Mais avant de c�l�brer la victoire des chr�tiens, qui se voient r�compens�s de leur fid�lit�, c'est une initiative heureuse de f�ter la victoire du Christ, "couronne de tous les saints," comme disent les Litanies du Sacr�-Coeur.

L'Enseignement des Papes

Il est remarquable que les trois grands Papes qui ont �crit une encyclique sur le Sacr�-C�ur aient en m�me temps fortement insist� sur la royaut� du Christ.

L�on XIII, � l'occasion du dix-neuvi�me centenaire de la R�demption, consacre le genre humain au Sacr�-C�ur et pour que chacun, �v�que, pr�tre, fid�le puisse s'associer � son geste, il compose lui-m�me l'acte de cons�cration, dont l'id�e centrale est que J�sus est Roi par son Coeurs: � Tr�s doux J�sus, R�dempteur du genre humain... nous sommes � vous, nous voulons �tre � vous et afin de vous �tre �troitement unis, voici qu'en ce jour chacun de nous se consacre spontan�ment � votre Sacr�-C�ur... Soyez le Roi non seulement des fid�les qui ne se sont jamais �loign�s de vous, mais aussi des enfants prodigues qui vous ont abandonn�... Soyez le Roi de ceux qui vivent dans l'erreur ou que la discorde a s�par� de vous."

Pie XI, le Pape de l'Action catholique, a �t�, on l'oublie trop, le Pape du Christ-Roi et le Pape du Sacr�-C�ur. Il a compos� pour le Sacr�-C�ur une messe et un office enti�rement nouveaux. Il en a fait une des sept grandes f�tes de l'ann�e et l'a mise sur le m�me pied que No�l et l'Ascension. Il a publi� en 1928 l'encyclique Miserentissimus Redemptor o� il insiste plus particuli�rement sur la R�paration, � laquelle il a voulu donner une base th�ologique.
Or, dans son encyclique, il rappelle la cons�cration du genre humain au Sacr�-C�ur par L�on XIII. Il dit explicitement, que s'il a institu� trois ans plus t�t, en 1925, la F�te du Christ-Roi, c'est pour prolonger le geste de L�on XIII et permettre de le renouveler chaque ann�e. Et afin de mieux affirmer le lien qui existe entre ces deux f�tes, il prescrit qu'au Christ-Roi on r�citera l'acte de cons�cration de son pr�d�cesseur et les Litanies du Sacr�-Coeur.

Pie XII, sur un plan diff�rent, mais parall�le, a li� lui aussi les deux id�es de c�ur et de royaut�, puisqu'il a institu� � quelques ann�es d'intervalle les deux F�tes du Coeur de Marie et de Marie Reine.

La doctrine et la pratique de l'Intronisation

Dans sa circulaire de 1926, le P. Mat�o montre la connexion intime qui existe entre son �uvre et la F�te du Christ-Roi:

�Par l'institution de la nouvelle f�te, Pie XI a consacr� notre drapeau de guerre sainte, celui qui depuis 1908 pr�side � toutes les batailles et � toutes les victoires, comme aux �preuves et aux immolations glorieuses de la croisade de l'Intronisation. Notre oeuvre a cr�� partout une mentalit� sociale en harmonie avec cette f�te; bien plus, elle a provoqu� un v�ritable pl�biscite en faveur de cette id�e."

"Depuis le d�but, nous nous sommes �lev�s contre le mal affreux du la�cisme social et politique, qui avait d�tr�n� J�sus dans la vie familiale, sociale et nationale, le r�duisant � une vie de d�rision, une vie de sacristie. L'hommage familial, tel que nous le demandions, indiquait clairement un honneur royal: en r�clamant pour le Sacr�-C�ur la place d'honneur, nous ne faisions qu'exiger pour le Roi le tr�ne qui lui revient de droit au foyer vraiment chr�tien."

"Nous n'avons jamais song� � imposer une image officielle du Sacr�-C�ur. Si nous avons montr� notre pr�f�rence marqu�e pour le c�l�bre tableau, dit de Garcia Moreno, c'est qu'il est l'image du C�ur de J�sus-Roi. Elle a fait le tour du monde: elle se trouve dans les cabanes, tout comme dans les palais d'Europe et d'Am�rique, pr�chant, le sceptre dans une main et le globe dans l'autre, le sublime id�al de la croisade, l'oportet illum regnare, 'il faut qu'il r�gne' de saint Paul, l'Adveniat Regnuna Tum du Pater."

Il est remarquable que toute la pr�dication et l'action du P. Mat�o oscille entre ces deux p�les: l'Adoration nocturne et l'Intronisation, c'est-�-dire, pour parler son langage, entre Geths�mani et le Thabor, l'agonie et la transfiguration.

Christ Vaincu ou Christ Vainqueur?

Appliqu� � J�sus, le mot Roi doit �tre pris dans son sens le plus fort: un roi est celui qui occupe la premi�re place et re�oit des honneurs r�serv�s � lui seul. Il m�rite ce rang et ce culte par le prestige de sa personne et les services qu'il rend. Il exerce l'autorit� supr�me et conduit ses sujets vers leurs destin�es.

C'est en vain qu'on �voquerait pour J�sus ses titres � la royaut�: droit de naissance, droit de conqu�te, droit d'amour, si de fait il n'est pas reconnu et trait� comme un roi. Sa royaut� effective que s'il se montre roi par ses succ�s, par ses victoires.

C'est pourquoi on a parfois reproch� � la d�votion au Sacr�-Coeur d'�tre doloriste ou victimale, c'est-�-dire de s'arr�ter et se complaire dans les souffrances du Christ, au point d'oublier son triomphe. On se penche vers lui comme s'il �tait "un malheureux qu'il faudrait d�dommager de ses �checs par une petite cour d'amis fid�les qui l'entoureraient comme font les courtisans d'un roi d�tr�n�" (Denis, le Myst�re de l'Amour divin, p.207). Cette pi�t� trop sentimentale m�riterait le reproche adress� par J�sus aux Filles de J�rusalem qu'il trouva cri pleurs sur le chemin du calvaire: "Ne pleurez pas sur moi. Pleurez plut�t sur vous! Car si on traite ainsi le bois vert, qu'adviendra-t-il du bois sec?" (Lc 23,28).

Il est certain que le culte du Sacr�-Coeur oriente fortement la pi�t� des fid�les vers la Passion, non sans profit. Il donne en effet une intelligence plus p�n�trante de ce myst�re. Si on cherche dans le C�ur de J�sus le motif qui lui fit accepter la Passion, on d�couvre que ce fut moins pour apaiser la justice divine que pour offrir une compensation � l'Amour Infini, frustr� dans ses droits d'�tre aim�.

De soi l'amour est exigeant: de la m�me force dont il attire l'amour, il repousse tout ce qui n'est pas amour. Pour mesurer les exigences de l'amour divin, il suffit de se souvenir que l'amour est l'�tre m�me de Dieu. C'est au jardin de l'agonie que J�sus est mis en face des exigences de son P�re: voil� pourquoi il entre en agonie, en proie � la d�tresse; triste jusqu'� en mourir (Mt 26,39; Lc 22,44). Il cherche un appui aupr�s de ses disciples. Ne le trouvant pas, son P�re lui envoie un ange pour le r�conforter (Lc 22,43).

La m�ditation de cette Passion du Coeur de J�sus a tout naturellement conduit les �mes � vouloir prendre la place des ap�tres d�faillants pour, comme l'ange, consoler le Sauveur. Dans son encyclique, Pie XI accepte l'expression et en donne les fondements th�ologiques: "Ce sont les p�ch�s des hommes commis en n'importe quel temps, qui ont caus� la mort du Fils de Dieu. Ces m�mes fautes maintenant encore causeraient sa mort, puisque chacune d'elles est sens�e renouveler la passion du Seigneur, crucifiant de nouveau pour leur part le Fils de Dieu et le livrant � l'ignominie (Hb 6,6). Si on cause de nos p�ch�s futurs mais pr�vus, l'�me du Christ devint triste � en mourir, elle a sans nul doute recueilli quelque consolation, pr�vue elle aussi de nos actes de r�paration."

Quand on a ainsi pris conscience de tout ce qu'il en a co�t� � l'Amour souffrant pour faire �chec au p�ch�, on passe au second degr� de la r�paration, qui nous est indiqu� par saint Paul: "Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous et je compl�te en ma chair ce qui manque aux �preuves du Christ pour son corps qui est l'Eglise" (Col 1,24). Sur ce point encore le Pape nous donne les pr�cisions th�ologiques n�cessaires: "La passion expiatrice du Christ se renouvelle et, d'une certaine mani�re, se poursuit et s'ach�ve dans son corps mystique. Car selon saint Augustin: 'Le Christ a souffert tout ce qu'il devait souffrir; la mesure des ses souffrances est d�sormais comble. La dette de souffrance �tait donc pay�e par le Chef: mais elle demeurait enti�re pour le corps du Christ, l'Eglise'."

A son tour, Pie XII compl�te notre instruction: "Le divin R�dempteur veut que son Eglise naisse, pour ainsi dire, du travail m�me de l'Eglise. Myst�re redoutable et qu'on ne m�dite jamais assez: le salut d'un grand nombre d'�mes d�pend des pri�res et des mortifications volontaires, support�es � cette fin, des membres du Corps mystique" (Mystici corporis Christi).

A ce niveau la r�paration n'a rien de morbide. Elle reste douloureuse, car elle est un amour sauveur, donc exigeant. Mais elle comporte aussi un c�t� exaltant: pensant au triomphe du Christ, saint Paul parle de joie. Ainsi le culte du Sacr�-C�ur nous fait-il p�n�trer au centre du myst�re chr�tien, pour en saisir la grandeur et y prendre une part active.

La r�demption est en m�me temps un acte qui s'est accompli une fois il y a vingt si�cles et un appel qui se renouvelle sans cesse. Sans l'acte de J�sus mourant sur la croix il n'y aurait pas de r�demption. Sans l'appel que nous fait le Christ ressuscit� de mourir avec lui au p�ch� pour ressusciter � la gr�ce avec lui, la r�demption serait inachev�e, inutile. Car tel est le plan providentiel: la passion n'atteint sa pleine efficacit� que dans la gloire.

Voil� pourquoi la pi�t� des fid�les oscille sans cesse entre la r�demption et la r�surrection, entre le Messie souffrant et le Messie glorieux, trouvant ainsi son �quilibre. Tel est l'enseignement de la Bible, de la Liturgie, des Papes. Telle est aussi la spiritualit� qui anime l'Intronisation.

par P. M. Bocquet
in "Horizons Blancs"

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