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Paul-Marie Julliotte: Un missionnaire dans la chine bouillonnante

In "Horizons Blancs" n°164

Paul-Marie Julliotte est né à Brunoy, en Essonne, le 27 avril 1867. II était ordonné prêtre à Versailles le 29 juin 1893. II commence son noviciat, comme novice-prêtre, le 17 octobre 1899, à Courtrai, en Belgique, puis rejoint le noviciat de Villepinte, en banlieue parisienne, en septembre 1900. Dispensé de six mois de noviciat, il fait sa Profession à Villepinte le 18 janvier 1901.

Sa vie de missionnaire va aussitôt commencer. II s'embarque au Havre pour les Iles Hawaï. Dès son arrivée, il occupe le poste de Molokaï et se dévoue auprès des lépreux, comme le Père Damien. En février 1903, il fera un bref séjour à Lahina, dans l'île de Maui, puis revient rapidement à Molokaï. Il prend alors le nom de Père Joseph.

Le 11 mars, le Père Julliotte est nommé Supérieur Provincial des Iles Hawaï, et il fait partie du Chapitre Général de Braine-le-Comte (Belgique) en 1908. Il fera aussi partie du Chapitre d'Election de janvier 1912 à Braine-le-Comte.

Le 1er mars 1912, il reçoit son obédience pour Paris, où il aura la charge d'une chapelle de secours dédiée à Sainte Cécile, non loin de Picpus. Elle est devenue aujourd'hui la paroisse de Saint Gabriel, toujours desservie par la Congrégation des Sacrés-Coeurs, dans le 20ème arrondissement de Paris.

En 1917, cap sur l'Espagne : il sera d'abord Maître des Novices, à Miranda de Ebro, puis, à partir du 24 avril 1918, à Fontarabie, où il continue la même fonction. De retour en France, le 11 septembre 1920, il ouvre le Noviciat de Montgeron (Essonne), et il en sera le fondateur.

Nouveau départ missionnaire pour le Père Julliotte. En effet, le 19 octobre 1923, il s'embarque de Marseille pour la nouvelle Mission de Haïnan, en Chine, dont il sera le Supérieur Religieux. Par décret apostolique du 20 novembre 1929, il est nommé Supérieur Ecclésiastique de Haïnan. Le 20 novembre 1929, la Mission devient indépendante, après sa séparation du Vicariat Apostolique de Pakhoi. Il est nommé Préfet Apostolique de Haïnan le 10 juin 1936.

Les Pères des Sacrés-Coeurs ont succédé aux Pères des Missions Etrangères de Paris. Faute de personnel, Mgr de Guébriant fit donc appel à notre Congrégation pour lui confier la charge de la Mission de l'île de Haïnan. Pour cette fondation, le Père Flavien Prat, Supérieur Général, choisit donc le Père Paul-Marie Julliotte. L’ancien missionnaire des Iles Hawaï et successeur du Père Damien à la léproserie de Molokaï arrive à Haïnan en 1923, accompagné de deux autres missionnaires : le Père Fridolin Geyer, un Alsacien, et le Père Alain Suignard, un Breton du Finistère. Après une courte période d'initiation et d'adaptation, le Père Grégoire, prêtre des Missions Etrangères de Paris, et le Père Leong, prêtre chinois de la même Congrégation, laissent les trois picpuciens dans les trois résidences alors habitables. Le Père Julliotte s'installe à Hoihow, où se trouve un orphelinat tenu par les Soeurs de Saint Paul de Chartres, un petit hôpital, tenu par un docteur français, et que la Mission prendra en charge plus tard.

Le Père Fridolin Geyer va résider à Sim-Sam, dont il agrandira très vite la petite chapelle, et le Père Alain Suignard va occuper le poste de Xeang-To, à l'est, et dont la fondation est relativement ancienne.

Avec cette prise en charge par les Pères de Picpus, la Mission de Haïnan va connaître un heureux développement, malgré bien des épreuves, et jusqu'à la date de notre expulsion par les autorités communistes en 1953. Vingt trois Pères ont missionné dans l'île durant ces trente années.

Le Père Julliotte, fatigué, offre sa démission au Saint Siège, en 1938. Elle sera acceptée le 12 novembre, mais il est chargé de continuer d'administrer la Préfecture Apostolique jusqu'à la nomination de son successeur. Ce sera fait en 1939, en la personne du Père Dominique Desperben, qui devient Préfet Apostolique.

La Mission est alors fortement structurée, comprenant une quinzaine de Pères, répartis en huit districts, avec écoles, dispensaires, hôpital... A HoiHow, Mgr Julliotte, bien que fatigué et très âgé, s'occupe encore très activement de la fondation qu'il a faite d'une Congrégation de Religieuses chinoises, les "Associées des Sacrés-Coeurs", qui comptera plusieurs dizaines se religieuses lors de notre expulsion de l'île.

Tous les espoirs semblaient permis, lorsque, malheureusement, en avril 1950, Haïnan, dernier bastion de la Chine nationaliste tombe entre les mains des communistes. En huit jours, l'île est "libérée" de ses défenseurs, qui vont se réfugier à Taiwan.

La première année du régime communiste, les Pères jouissent encore d'une certaine liberté. Mais peu à peu l'étau se resserre. Les Pères étrangers sont mis sous résidence surveillée. Abhorrés, réduits à l'inaction la plus complète, relégués dans un îlot de l'ancien Consulat de France... 2500 à 3000 missionnaires de Chine avaient déjà été expulsés. Le tour des Picpuciens allait arriver. Le premier expulsé fut le Père Pierre Laporte, après un simulacre de jugement, en avril 1952.

Le deuxième groupe, avec Mgr Paul-Marie Julliotte, alors âgé de 85 ans, avec les Pères Engelbert Pénicaut, François Manac'h, Louis-Joseph Ramirez, Nicolas Castel et Fridolin Geyer, quittait Haïnan le 31 janvier 1953.

Les événements de Chine obligèrent donc le Père Julliotte à rentrer en France, comme les autres missionnaires. Le 10 février 1953, il était de retour au pays natal.
Il allait se retirer à Montgeron, dans cette maison du Noviciat qu'il avait lui même fondée en 1920. Il se consacra au soin spirituel des novices, dont il devint le confesseur apprécié. Et c'est en ce lieu qu'il rendait son âme à Dieu, le 30 août 1956.
Une belle vie de missionnaire, tout donné à Dieu, au milieu de beaucoup d'épreuves, mais toujours dans l'espérance, et la joie de servir le Maître.

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