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3�me dimanche de l'Avent: J�sus et Jean Baptiste
L��vangile de ce troisi�me dimanche de l�Avent met en sc�ne le personnage de Jean-Baptiste. Traditionnellement, c�est le dimanche de "Gaudete", "R�jouissez-vous", selon le chant d�entr�e � la c�l�bration. Se r�jouir de quoi? La suite du chant le dit: "Car le jour du Seigneur est proche". Il est proche en Jean Baptiste et en J�sus.
Le diff�rent entre Jean et J�sus
Jean Baptiste, nous l�avons d�j� rencontr� au moment o� J�sus lui a demand� le bapt�me et s�est sans doute mis � sa suite comme disciple occasionnel (Mt 3). Cette rencontre laisse percer deux �vidences: Jean est un baptiste qui annonce une conversion sans m�cher ses mots et sans d�tours ("Engeance de vip�res" lance-t-il � ses auditeurs) et J�sus lui pose probl�me: qui est-il vraiment, ce J�sus? Entre autre �tonnement, Jean entrevoit chez son disciple une interpr�tation du bapt�me diff�rente de la sienne ("Pour moi je vous baptise dans l�eau pour le repentir� Lui, il vous baptisera dans l�Esprit Saint et le feu"). J�sus aurait-il contest� la rude conversion exig�e par le bapt�me de Jean? Etablissant une relation entre la sc�ne du bapt�me de J�sus et celle de l��vangile de ce jour, l��vang�liste laisse entendre que le diff�rent est plus profond. Dans la sc�ne d�aujourd�hui, on peut deviner comme un nouveau d�part de J�sus et, partant, du personnage de Jean tel que l��vang�liste le pr�sente. Voil� qui pose la question de la relation entre les deux? qui sont-ils l�un et l�autre?
La r�ponse � la d�ception de Jean
Maintenant Jean est en prison. Il y a quelques mois, il avait mis beaucoup d�esp�rance en J�sus mais celui-ci ne semble pas avoir r�pondu � son attente. J�sus, dans notre �vangile, cite en r�ponse � la question de Jean le texte d�Isa�e 35 entendu en premi�re lecture de ce troisi�me dimanche: "Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu: c�est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-m�me et vient vous sauver. Alors s�ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Ils reviendront les captifs rachet�s par le Seigneur, ils arriveront � J�rusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; all�gresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s�enfuiront" Le livre du proph�te Isa�e propose ces paroles apr�s un jugement tr�s s�v�re contre Edom. Ce sont des paroles de consolation qui ouvrent une perspective nouvelle et heureuse pour J�rusalem. Cependant, en reprenant ces paroles, J�sus les modifie un peu avant de les adresser � Jean Baptiste; il remplace l��vocation des captifs par celles des morts qui ressuscitent et de la Bonne Nouvelle annonc�e aux pauvres. Tout cela est fort chr�tien. Le texte de Matthieu 11,2-11 Deux strophes en constituent la trame et chacune d�elle cerne la personnalit� d�un protagoniste du texte, celle de J�sus d�abord, celle de Jean Baptiste ensuite. Des versets 2 � 6, c�est Jean Baptiste qui fait interroger J�sus sur son identit�: "Es-tu celui qui doit venir ou faut-il en attendre un autre?" Question d�un d��u. "Celui qui doit venir" renvoie au Messie d�fini par le Psaume 118 comme "celui qui vient au nom du Seigneur". J�sus fait r�pondre � Jean en citant le texte modifi� d�Isa�e 35 (premi�re lecture). Jean dans sa prison avait sans doute entendu parl� des �uvres de J�sus. Ces �uvres, ce sont les paroles et les actions de J�sus d�ploy�es en Galil�e et alentours. Elles pointent vers un J�sus probl�matique qu�elles n�imposent comme Messie ni � Jean Baptiste ni � ses contemporains. Alors disent-elles quelque chose de lui? La r�ponse, J�sus la donne en �num�rant ce qu�il a fait et particuli�rement l�annonce de la r�surrection et de la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Mais l��vang�liste ajoute la vraie cl� de lecture de l�action de J�sus: ce sont les �uvres du CHRIST, du Messie, expression employ�e pour la premi�re fois dans cet �vangile. La qualification "Christ" �l�ve le regard vers un autre niveau d�interpr�tation: les �uvres sont celles du messie oint par l�Esprit et annonc� en Is 61,1 suiv. o� elles culminent dans un jubil�. Le malentendu est perceptible. Jean Baptiste avait esp�r� un Messie qui suivrait la ligne de sa propre annonce: celle d�un proph�te porteur de la col�re du Dieu juge de la fin des temps. J�sus �vite cette projection � la fin des temps et r�torque � Jean que la mission du Messie est orient�e prioritairement vers les pauvres ne peut se lire comme l�effet d�une simple philanthropie ou de l�annonce apocalyptique d�une fin imminente du monde. C�est un renversement total de perspective. Quel contraste entre le royaume de Dieu proche de sa violente dissolution et sa r�alisation progressive en Christ dans les communaut�s de pauvres ! Les missions respectives de Jean et de J�sus s�en trouvent diff�rentes, voire oppos�es.
C�est sur cet horizon qu�il faut lire probablement la b�atitude qui cl�t la r�ponse de J�sus au verset 6: "Heureux celui qui ne tombera pas � cause de moi". C�est plus une monition et la proposition d�un choix qu�une b�atitude: pour �tre heureux et se sauver, il faut prendre option pour le Christ (note de la T.O.B au verset), mais dans l�imm�diat, la monition s�adresse � Jean Baptiste et ses adeptes. Ils enseignent un royaume messianique s�v�re. Imitant leur anc�tre Elie, ils annoncent un jugement de feu, implacable. La vision de J�sus s��carte de cette violence. Son royaume n�est pas instaur� par la r�v�lation fulgurante d�un Dieu juge, mais par la tendresse de l�accueil que J�sus fait aux plus pauvres et aux petits valoris�s par le texte un peu plus loin (versets 25-30). L�adh�sion au Christ et � sa communaut� de pauvres ouvre aux baptis�s un jubil� de paix d�j� pr�sent et qui culminera un jour en salut d�finitif � la fin des temps.
La place de Jean dans le myst�re de J�sus
A premi�re vous, la r�ponse aux envoy�s de Jean ne semble rien r�v�ler de la personne de J�sus, sinon le but de sa mission et la nature de sa communaut�. Plac� devant le myst�re, Jean est renvoy� � son propre choix pour ou contre ce Christ de la bont� et de la mis�ricorde. La deuxi�me strophe (versets 7-11) �bauche un portrait de Jean qui n�est pas sans compl�ter ce qui a �t� avanc� par la premi�re strophe. Jean est grand dans son extr�misme. Il incarne surtout la derni�re �tape de l�attente du messie, mais il n�est pas le messie. Sans doute J�sus compare-t-il ici moins deux personnes, la sienne et celle de Jean que deux propositions radicalement diff�rentes de la pr�sence du salut. Jean est plus qu�un proph�te. Il a conduit les auditeurs aux portes du royaume. A ce point, cependant, intervient une rupture radicale. Jean est � la porte, il a le privil�ge de l�entrouvrir, mais le plus petit des chr�tiens jouit du privil�ge supr�me de la franchir la porte et d��tre d�s maintenant de la communaut� de J�sus. Le jugement de Dieu annonc� par Jean est se r�sume maintenant � l�accueil de l�homme dans la tendresse de Dieu. Ce jugement place l�homme devant un Dieu p�re des mis�ricordes au lieu de l�affronter � sa propre d�r�liction, selon l�expression de nos anciens.
En ce milieu de l�Avent, nous sommes liturgiquement � mi-chemin de la venue du Sauveur. Jean est le signe de notre joie. Il oriente notre regard vers elle. A ce point, la figure de Dieu qui nous est propos�e en J�sus est celle qu�entreverront les pauvres bergers de la cr�che. C�est un Messie doux et humble de c�ur. La joie authentique se situe � ce niveau, et c�est la plus belle �uvre du Christ.
Lectures du 3�me dimanche, dimanche 16 d�cembre 2007
Premi�re lecture: Is 35, 1-6a.10) Psaume: 145 (146) Deuxi�me lecture: Rm 15, 4-9 Evangile: Mt 11, 2-11
Article du P�re Raymond Kuntzmann ss.cc (France)
� Illustration: peinture de Berna Lopez. www.evangile-et-peinture.org
DEUXIEME DIMANCHE DE L'AVENT
Saint Paul nous rappelle que l'Ancien Testament, pour les chr�tiens, est une �cole de l'esp�rance. En effet, l'Ap�tre dit que si nous souhaitons poss�der l'esp�rance, c'est "gr�ce � la pers�v�rance et au courage que donne l'Ecriture". Il pr�cise que "tout ce que les livres saints ont dit avant nous est �crit pour nous instruire" (2�me lecture).
Nous pourrions dire que la foi du peuple isra�lite consistait alors dans la certitude que la Promesse faite par Dieu � Abraham s'accomplirait en faveur de sa descendance, et, que celle-ci s'�tendrait, � travers elle, � tous les peuples de la terre. Cette esp�rance in�branlable, qui ne s'�croule pas dans les �checs, s'accomplie aussi pleinement dans les moments heureux comme la sortie d'Egypte, la conqu�te de la terre, la gloire des r�gnes de David et de Salomon, ou encore, pendant le retour depuis l'exil de Babylone. Nous aussi, les chr�tiens, nous devons continuer d'esp�rer le plein accomplissement de "la Promesse" pr�sente dans l'Ancien Testament, bien qu'il faille aussi reconna�tre le caract�re d�finitif du minist�re de J�sus (c'est-�-dire eschatologique), de sa mort et de sa r�surrection. En effet, pour nous, cet accomplissement ne peut �tre autre chose que la manifestation visible de la personne de J�sus de Nazareth, le Christ ressuscit� et glorieux, avec toute la richesse qui reste cach�e.
Au fur et � mesure, le peuple d'Isra�l a exprim� son d�sir et son esp�rance � travers les si�cles dans des formes toujours diverses, marqu�es par les contextes historiques et culturels, cela dans un langage constamment symbolique et po�tique. Une des constantes, dans la formulation de ce qu'esp�rait le peuple de Dieu dans l'Ancien Testament, �tait celle de concevoir le plein accomplissement de "la promesse" comme aboutissement de "la Paix", d'une paix totale et d�finitive. Sans doute, la plus belle expression de ce d�sir dans l'Ancien Testament r�side dans le texte d'Isa�e que nous avons dans la premi�re lecture (Is 11, 1-10).
Quelques crit�res de discernements nous montrent clairement que nous ne sommes pas devant une utopie ali�nante. Nous sommes devant une vision qui se fonde sur une d�nonciation et une protestation face � une r�alit� inacceptable. Elle se propose de susciter un dynamisme vers un but, un id�al, de paix, avec la certitude que, dans la mesure o� nous nous engageons dans ce mouvement, Dieu va le couronner d'une mani�re qui surpasse notre imagination. Deux crit�res nous permettent de rester dans un r�alisme, ils nous �vitent de tomber dans un lyrisme mythique. Premi�rement, le verset "Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma sainte montagne": Il nous laisse dans l'�vidence que la paix est li�e avec la pratique de la justice. Et, deuxi�mement, le verset qui semble donner raison � ce r�gne de justice: "car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer". Ce verset nous fait prendre conscience que l'agir est r�ellement juste quand il est guid� par les conseils de Dieu et qu'il s'ajuste � eux.
Pour cela, le proph�te Isa�e nous pr�sente le roi messianique, descendant de David (le fils de Jess�), comme p�n�tr� de l'esprit de Dieu et de ses conseils, afin que celui-ci, avec "la justice" comme bandouli�re et la "v�rit�" comme ceinture, puisse exercer le jugement de Dieu en faveur des faibles et des petits. C'est la grande description par laquelle s'ouvre le texte d'Isa�e: "Un rameau sortira de la souche de Jess�... Alors, le loup...".
Jean Baptiste, pour d�crire le Messie, se situe dans cette m�me dynamique. Le Messie qui doit venir doit instaurer le r�gne de Dieu. Sa venue sera pr�c�d�e de l'in�vitable "Jugement de Dieu". A cela, il ouvre tr�s visiblement la possibilit� � tous, pour �chapper � la condamnation du jugement, de la repentance ou de la conversion, avec "des �uvres qui montrent qu'ils se sont repentis et convertis".
J�sus confirmera le message de Jean Baptiste. Cependant, il ajoutera la "bonne nouvelle" que tant que demeure la possibilit� de la conversion, le jugement de Dieu ne se d�ploiera pas.
Ancien Testament et Nouveau Testament sont d'accord sur ce que nous esp�rons. Afin qu'elle prenne corps, nous avons en faire le but et l'orientation de notre activit�, de notre agir, comme une anticipation de l'accomplissement de "la Promesse": anticipation d'autant plus forte quand notre agir ressemble � celui du Messie d�crit par Isa�e et se fait r�alit� historique en J�sus de Nazareth.
Lectures du 2�me dimanche de l'avent:
Premi�re lecture: Is 11, 1-10 Psaume 71 Deuxi�me lecture: Rm 15, 4-9 Evangile: Mt 3, 1-12
Article du P�re Beltran Villegas ss.cc (Chili) in "Esquemas para Homilias" Conf�rencia Episcopal de Chile (2005)
� Illustration: peinture de Berna Lopez. www.evangile-et-peinture.org
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